1243  à M. d'Arbois

Propositions pour un changement de personnel dans l'œuvre d'Angers.

Chaville, 5 octobre 1867

            Mon bien bon ami et fils en N.S.,

            J'ai appris avec plaisir que vous aviez fait bon voyage, sans trop de fatigue; ménagez, autant que vous le pourrez, vos forces qui seront très limitées et peu proportionnées à vos charges.

            La retraite, comme nous pouvions déjà la prévoir lors de votre séjour ici, ne commencera que la troisième semaine d'octobre, le dimanche 20 au soir; c'est bien tard, bien peu accommodé aux convenances de la Communauté, mais qu'y faire? nous sommes si peu nombreux, nous ne pouvons aller de pair dans nos prétentions avec les grandes Communautés.

            Je pense avec chagrin à la gêne que l'absence ainsi prolongée de M. Boiry peut vous causer. Il est bien disposé, va avec joie près de vous; il pourra, nous l'espérons, vous donner un secours utile.

            Pour le patronage, la pensée nous venait, à M. Lantiez et à moi, que, si vous preniez à la place de M. Moutier M. Allard, qui n'est ni dessinateur, ni musicien, mais qui s'est formé à beaucoup d'égards (il est laborieux, appliqué, intelligent dans les choses qu'il a à faire; il fait bien la classe, pas à une division élevée, à cause de son orthographe imparfaite, mais avec tenue et succès dans les autres divisions; il a fait des progrès notables, même en orthographe, il a une bonne écriture; sous le rapport de l'enseignement, un peu cultivé, il deviendrait irréprochable), pour les œuvres, en peu de temps, vous auriez en lui un aide dévoué, très docile. Il ne lui manque qu'un peu de pratique et d'expérience qu'il acquerrait bientôt; il est vraiment susceptible d'être formé et ses dispositions d'esprit sont très bonnes. M. Moutier, de son côté, gagnerait à être rapproché de nous ou changé, afin de perdre le mauvais pli qu'il a pris dans son temps d'indépendance à S^te-Anne.

            Mais nous laissons ici de côté ce qui le regarde et nous ne voulons songer qu'à vous. Il se peut que M. Allard, étant à former aux œuvres, ne vous soutienne pas, dès le premier moment, autant que vous auriez besoin; examinez donc la chose au point de votre utilité et de votre convenance seulement, vous êtes meilleur juge que nous de la situation; pesez la chose, et décidez en pleine liberté; nous cherchons pour vous un soulagement, nous aurions bien du regret si c'était, au contraire, une difficulté de plus que vous y deviez trouver.

            Je vous serai obligé d'y penser devant Dieu et de nous dire assez promptement votre sentiment, parce qu'au Conseil de mardi prochain, nous désirons, avant la retraite, régler les emplois des frères.

            M. Hello vient de perdre sa bonne mère, excellente et pieuse dame; je vous demande de prier pour elle avec vos frères et de dire quelques messes à son intention, 3, je crois.

            M. Audrin est à Nantes, près de sa mère malade; priez encore; combien on a, en cette vie, de raisons et d'occasions de prier!

            Je termine en hâte, vous assurant, ainsi que vos frères, de nos tendres affections dans le Seigneur et en sa S^te Mère.

            Votre dévoué ami et Père

                                                                                                Le Prevost