Sur divers points de la vie communautaire. Prière à Marie
après la messe. Eviter le surmenage. Un "garde national
mobile". MLP. sent le poids des années. Décès d'une bienfaitrice, Mme
de Caulaincourt.
Vaugirard, 28
février 1868
Bien cher ami et fils en N.S.,
M. Paillé, oublieux à son grand regret, ne m'a remis qu'hier seulement votre
lettre du 18 de ce mois.
Je vous envoie ci-joint l'annuaire ou coutumier pour mars; il indique, en
substance, nos usages qu'on observe autant bien que les exigences des œuvres
peuvent le permettre.
La petite prière qui se fait (l'Ave Maria) après la messe se rapporte à
la pensée qu'on a particulièrement attachée à la chapelle dans sa dédicace; de
là, la diversité des invocations qui se font avec l'Ave Maria; je ne me
souviens pas qu'on y ait mis une intention particulière; on pourrait, en tout
cas, y mettre telle intention qu'on voudrait, ou unique, ou surajoutée.
Faites, avec M. Caille, pour le mieux relativement aux comptes financiers pour
le dernier exercice, et préparez autant de régularité qu'il se pourra pour l'an
prochain.
Je m'étonnais de n'avoir reçu aucun détail sur l'ouverture de St-Jacques
ou N.D. des Victoires; je vois qu'elle a été un peu retardée; je vous remercie
de ce que vous m'en dites et je bénis Dieu qui semble agréer et soutenir cette
nouvelle entreprise. L'intervention des rr.pp. Jésuites me paraît toujours un
bienfait. Je crois, avec vous, qu'il vous reste pour la surveillance d'ensemble
de la communauté et des deux maisons une tâche morale et spirituelle largement
taillée et qui est d'une haute importance; je prie le Seigneur de vous y
assister par sa grâce. L'absence de M. Caille, une grande partie du dimanche,
augmente vos emplois ce jour-là; faites le nécessaire sans vous charger outre
mesure; vos forces ont des limites restreintes. Vous ne me parlez pas de votre
santé; vous ne me dites rien non plus de celle de votre bonne mère. Nous avons
reçu avec satisfaction les Rohrbacher et les 2 vol. de Benoît-Joseph
Labre. Je vous en remercie pour tous. Je suis heureux du bon
examen de M. Trousseau; il va ainsi prendre définitivement courage; il aura
plus de confiance et plus d'attrait pour les autres et s'y préparera avec un
zèle nouveau.
L'âge ne lui manque point pour avancer dans les ordres; je pense qu'il fera un
pas à la Trinité;
si, comme je le crois, j'ai à faire à cet effet une demande à Mgr
d'Amiens, vous me le direz en temps utile.
M. Lemaire va se trouver compris au nombre de ceux que doit atteindre la garde
nationale mobile; je vous prie d'aviser avec M. Caille à le faire inscrire,
(car je crois que les victimes sont obligées de se présenter d'elles-mêmes pour
le sacrifice). Il est né le 28 février 1843 et a pour patrons Sts
Zozime, Joseph, Edouard.
Il a été exempté comme aîné d'orphelins et, de plus, il a une jambe torse et
difforme qui lui rendrait impossible la fatigue des exercices et des marches.
Est-ce à Paris qu'il pourrait passer à la révision? Si cela est possible, mieux
vaut éviter des déplacements.
Ne manquez pas ici et toujours, quand je vous écris, de dire à chacun de nos
ff. quelques mots obligeants de ma part, en prenant soin de parler à M. Caille
surtout de tout ce qui pourrait l'intéresser; j'aimerais à écrire à tous en
particulier, mais mon esprit, comme ma plume, s'alourdit avec les années, tant
la marche et tous les mouvements deviennent lents chez les pauvres vieilles
gens.
A ce propos, vous devrez prier pour Mme de Caulaincourt, vieille
amie et bienfaitrice de notre Communauté; elle vient de mourir saintement comme
elle a vécu, à l'âge de 78 ans; elle était veuve depuis sa 23e année
et rappelle ainsi Ste Anne qui vivait dans le Temple et eut la joie
de saluer Jésus et Marie au jour de la Présentation. C'était
un cœur d'élite, d'une bonté et d'une charité bien rares en un si haut degré.
Demain aura lieu son convoi, j'irai; depuis longues années, elle et son
excellente famille m'avaient admis à une intimité dont j'étais honoré et
édifié.
Donnez-moi encore, quand vous m'écrirez, quelques détails de plus sur l'œuvre
de N.D. des Victoires; comment s'organise-t-elle pour le personnel? N'ira-t-on
pas trop vite pour l'admission des enfants? La chapelle donne-t-elle un
provisoire passable?
Adieu, mon bien bon ami, je vous redis tous mes sentiments tendrement dévoués
et affectionnés en N.S.
Le Prevost
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