1280  à M. Maignen

Désir ardent de MLP. de fonder un Cercle à Rome pour les zouaves pontificaux⁴⁰⁵. Que M. Maignen fasse intervenir Emile Keller.

Vaugirard, 3 mars 1868

            Bien cher ami et fils en N.S.,

            Je n'entends rien dire du projet d'un Cercle pour les Zouaves à Rome; est-il abandonné, ou bien ne sommes-nous plus appelés à y prendre part? Je m'en inquiète; non qu'en voyant naturellement les choses, je sois bien pressé de nous voir engagés dans une entreprise de plus, quand nous en avons déjà plus que nous ne pouvons les bien suivre, mais, si celle-là a une importance d'une haute gravité, il faut accepter quelques sacrifices pour la réaliser.

            J'y vois, comme tout le monde, d'assez grandes difficultés, mais les difficultés aussi il faut les vaincre si la gloire de Dieu et le bien de l'Eglise y sont intéressés. Les Zouaves ont besoin d'être soutenus, leurs familles ont besoin d'être rassurées par les assistances d'une pareille institution, et surtout l'Eglise a besoin que ses défenseurs dévoués gardent une tenue digne qui fasse honneur à sa cause. Voilà les pensées qui m'intéressent au projet du Cercle et qui me décideront, malgré nos embarras, à y prêter notre faible concours.

            Je vous invite à rendre visite à M. Keller et à voir avec lui s'il n'y a pas quelque chose à faire pour avancer l'opération. Il me semble que, si l'on réunissait un jour chez M. Keller les hommes qui ont particulièrement à cœur cette œuvre, on examinerait définitivement si elle doit être entreprise, dans quels termes et par quels moyens on doit essayer de la réaliser, et enfin quels instruments doivent y mettre la main. Les vues ainsi nettement posées et bien arrêtées, on marcherait et l'affaire, Dieu aidant, irait à bonne fin. Voyez, mon cher ami, si M. Keller agrée cette pensée et s'il veut y donner quelque suite.

            Adieu, cher ami, à bientôt; prions Dieu de nous éclairer et de nous prêter secours.

            Votre ami et Père en N.S.                           

Le Prevost P^tre