1297  à M. Girard

Aperçus sur l'utilité du Cercle des Zouaves et les moyens de le bien fonder. Nécessité des correspondances. Nouvelles des Œuvres de France.

Vaugirard, 27 avril 1868

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            M. Maignen vous écrivant pour les affaires du Cercle, je me borne à vous faire seulement quelques mots d'affection. Nous avons attendu bien longtemps votre lettre et avec un peu d'inquiétude; M. Maignen avait laissé toutes choses en état encore si peu affermi que nous avions hâte d'avoir quelques détails précis sur vous-même, sur l'arrivée de M. Charrin, sur l'œuvre dont vous vous occupez. Je crois qu'il sera bien désirable, pour que nous puissions vous suivre des yeux et soutenir ici les intérêts de la fondation qui se fait pour les Zouaves, que vous nous écriviez régulièrement et, autant qu'il se pourra, à jour fixe, afin que, comptant à peu près sûrement sur un message de votre part, nous ne croisions pas nos courriers avec les vôtres. Je désire aussi que M. Charrin secoue un peu sa répugnance à écrire et corresponde avec moi de temps en temps; la fréquence des communications des ff. avec les Supérieurs est tout à fait nécessaire en communauté, particulièrement lorsqu'ils sont loin du centre; autrement, les liens de charité se relâchent, l'union s'affaiblit et la vocation en souffre aussi dommage.

            M. Vrignault vous portera ces lignes; nous nous réjouissons du concours qu'il vous prêtera et qui consistera surtout à vous aider à vous asseoir fermement dans votre position et à encourager MM. les membres de la Commission à se bien unir à vous pour que, de concert, vous meniez à bien votre entreprise. Il peut être d'une si grande utilité pour les Zouaves, éloignés de leur pays et de leurs parents, de trouver au Cercle comme une maison de famille où les attendent toujours de bons amis prêts à les accueillir, à prendre part à tout ce qui les touche, à leur donner un conseil et à leur rendre quelque bon office au besoin; c'est bien là de la charité et nous serons bien dans l'esprit de notre Institut si nous accomplissons bien cette mission. Je sais d'avance que nous pouvons y compter de votre part et de celle de M. Charrin; c'est pour cela que vous avez été choisis l'un et l'autre par Dieu plutôt que par nous-mêmes.

            Tous vont bien ici et se sont montrés sensibles à votre souvenir; Chaville recevra avec joie une lettre de vous, quand vous serez sorti de vos plus pressantes affaires.

            Nos retraites de Pâques ont été partout satisfaisantes et la grâce de Dieu nous a visiblement assistés. S^te-Anne a un Président très bon, j'oublie son nom; il a été pris à S^t-Charles où il n'était pas, je crois, attaché depuis bien longtemps.

            Je voulais écrire un mot à M. Charrin, mais M. Vrignault arrive et je dois clore cette lettre pour la lui remettre.

            Adieu donc, bien chers amis; je suis souvent en esprit près de vous et mon affection y demeure sans cesse. Faites ma part des grâces que vous obtenez dans les pieux sanctuaires de Rome; vous n'êtes jamais oubliés ici dans nos prières de chaque jour.

            Votre tout affectionné ami et Père

                                                                                             Le Prevost