1320  à MM. Baumert et Magnien

Grâces reçues au diaconat et à la tonsure.

Chaville, 16 juillet 1868

            Bien chers amis et fils en N.S.,

            Vous n'avez pas pensé, je l'espère, que le jour de votre ordination échappait à notre souvenir; loin de là; ma volonté était de répondre immédiatement à vos deux bonnes et pieuses lettres pour vous assurer que nous serions tous en union avec vous pour demander à Dieu les grâces spéciales et si précieuses qu'Il réserve à ceux qui font, comme notre cher Amédée [Magnien], le premier pas dans la voie sacerdotale, ou qui franchissent, comme notre cher Urbain [Baumert], la dernière station avant le grand terme qui consacre définitivement un prêtre de plus pour le service des autels. La joie est grande pour tous deux, car l'un commence et l'autre voit déjà la fin; les anges au Ciel voient ces saintes allégresses; ils les envient peut-être, ou plutôt ils les partagent dans leur si pure et si fraternelle charité. Nous aussi, tous ici, nous étions à l'unisson avec vous, particulièrement ceux qui ont eu des jours pareils à celui qui vous a comblés de si douces faveurs. De votre côté, vous avez prié pour nous et, dans cet instant de si douce union avec le Seigneur, la prière est bien puissante. Nous le voyons tous les jours, même dans notre monde humain et si tristement imparfait, il est des heures de choix où l'on ne sait rien refuser à ceux que l'on aime. Combien le Père Céleste, si généreux dans son amour, doit-Il donc être facile à toucher dans les jours de l'ordination! Avec le baptême et la première communion, il n'est rien qui donne mieux l'idée du bonheur et des grâces du Ciel.

            Nos jeunes séminaristes de St-Sulpice sont ici depuis le 6 juillet; ils s'enquièrent de temps en temps des visites qu'ils peuvent attendre de leurs condisciples de province; je ne donne qu'une faible satisfaction à leur curiosité, car je ne sais pas bien encore qui sont ceux qui pourront s'éloigner pour cette fois de leur maison; quels qu'ils soient, ils sont sûrs d'être cordialement accueillis et de trouver des frères en tous les membres de la famille, et un Père tout affectionné en celui qui, quoique indigne, a reçu de Dieu la mission de les aimer et de les conduire à Lui; il espère que pas un ne lui manquera et qu'au jour de la grande et universelle réunion, il les retrouvera tous au Ciel.

            Adieu, bien chers enfants, je prie le Seigneur de vous bénir et je vous embrasse tendrement dans les Cœurs Sacrés de J. et de M.

            Votre ami et Père

                                                                                             Le Prevost

            Vous faites, je le pense bien, la neuvaine préparatoire à la fête de S^t Vincent de Paul; ne pouvant faire sa fête le dimanche à cause de nos patronages, nous l'avons remise au mardi 21 Les enfants de Vaugirard viendront, comme de coutume, avec la communauté à Chaville tout le jour.