Paroles de réconfort à la suite d'une indisposition due
au climat romain. Que M. Girard accepte l'interruption de
ses études comme une épreuve pour affermir son espérance en Dieu. Nouvelles
de la fête de saint Vincent de Paul; l'invoquer "pour que son nom soit
aimé et béni dans la Ville
éternelle".
[27 juillet 1868]
Mon bien cher enfant en N.S.,
Nous nous réjouissons tous ici de ce que votre indisposition tend à disparaître
de jour en jour; c'est une épreuve d'acclimatation, maintenant, le tribut étant
payé, vous allez devenir fort comme si vous étiez citoyen romain. La Providence a peut-être
arrangé les choses ainsi pour que M. Charrin, prenant plus d'assurance, puisse
tenir votre place toutes les fois que ce sera nécessaire. Nous enverrons aussi
un frère dès que la saison sera plus favorable; ayez donc confiance, mon cher
enfant; le bon Dieu a pu vous éprouver un peu, mais il ne cesse pas pour cela,
tant s'en faut, de vous aimer; il veillera, à point, aux besoins de vos études;
ayez seulement une confiance et un abandon tout filial en Lui, sa miséricorde
sera d'autant plus grande que votre espérance aura été plus fidèle.
Nous parlons tous les jours de vous, nous prions surtout constamment pour la
petite famille de Rome; nous avons une ferme assurance qu'elle ne sera pas en
vain placée si près du foyer de la vérité et de la charité; elle en sentira
l'effet, et la surabondance en reviendra sur nous.
Nous avons eu une charmante fête de St Vincent de Paul le mardi 21,
à Chaville; nous y étions tous, bon nombre de nos amis aussi; les chaleurs
excessives depuis un mois, jusqu'à rendre malades plusieurs d'entre nous,
étaient ce jour-là tempérées par un air aimable. Tous ont éprouvé un
contentement que le bon Père St Vincent avait évidemment préparé au
Ciel. Invoquez-le souvent; il y a si longtemps qu'à divers titres vous êtes son
enfant qu'il ne manquera pas de vous assister affectueusement. Il en est de
même aussi de mon fils Charrin; il faut qu'ensemble vous posiez les assises
d'une nouvelle fondation qui fera aimer et bénir son nom dans la Ville Eternelle;
redites parfois son mot favori: Il se fait beaucoup de mal, faisons un peu de
bien.
Adieu, très chers amis; si tous ici pensent à vous et vous aiment, il me semble
que, comme St Pierre le répondait au Seigneur, je pourrais dire:
Vous savez, Seigneur, si je les aime!
Votre dévoué ami et Père en J. et M.
Le Prevost
Je ne désespère pas d'un voyage de M. Vrignault en septembre; il garde cette
pensée au fond du cœur.
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