Invitation affectueuse à venir finir ses vacances à
Chaville. Nouvelles inquiétantes de la santé des frères de Rome.
Chaville, 2 août 1868
Bien cher ami et fils en N.S.,
Je ne vous ai point écrit plus tôt à cause des mouvements successifs que vous
commenciez à faire au moment où vous m'adressiez votre dernière lettre et qui
me laissaient en incertitude sur le lieu où mon message pourrait vous
rencontrer. Aujourd'hui, vous devez être à Montcoy ou vous y arrivez; je vous y
envoie ces deux mots.
Ce n'est d'ailleurs à autre fin que de vous dire, ce que vous savez d'avance,
qu'il sera agréable à tous, à moi en particulier, que vous nous réserviez
quelque part dans le court espace qui séparera la fin de vos bains ou saison
d'eaux de votre rentrée à Amiens. Je ne vous l'avais pas demandé, dans la
crainte d'abréger les temps de délassement et de détente qui devaient vous
reposer et remettre vos forces; mais, si c'est sans préjudice de ce bien
essentiel, nous serons tous très joyeux de passer quelques instants avec vous.
Ne vous inquiétez pas des quelques petits sentiments d'ennui qui vous viennent
au sujet d'Amiens; tous les frères vous y désirent, le bien que leur fera votre
présence et le besoin qu'ils ont de vos soins vous auront bientôt rendu le
cordial contentement d'être au milieu d'eux et de vos jeunes gens.
M. Caille nous est venu voir à la fin de cette dernière semaine; il m'a paru
être content de tous et de tout; il n'avait aperçu, ni en M. Charles [Jouin],
ni en aucun des autres, les nuages qui les auraient troublés. A votre retour,
en tout cas, vous saurez les consoler tous et leur rendre la paix, s'il était
besoin de le faire.
M. Henry [Piquet] achève vos
appliques et pourra vous les remettre à votre
passage ici.
Nous aurons mercredi la distribution des prix de nos enfants à Vaugirard, dans
l'après-midi, à 2h. 1/2; je ne sais si vous serez déjà parmi nous, ce serait un
contentement pour tous, mais ne dérangez point néanmoins vos dispositions, si
elles sont bien réglées en sens contraire.
Je recommande bien particulièrement nos ff. de Rome à vos prières; deux d'entre
eux, MM. Girard et Charrin, étaient assez sérieusement malades au moment où M.
Jean-Marie [Tourniquet] nous écrivait, au milieu de la semaine dernière; il
paraissait même assuré que M. Girard ne pourrait s'acclimater à Rome et que
nous aurions à le rappeler bien prochainement. M. Charrin était au lit depuis
quatre jours; ces accidents compliquent bien la position du pauvre Jean-Marie,
et cependant le Comité nous dissuade d'envoyer de sitôt le quatrième frère que
nous devions diriger vers ce poste, à raison de l'inclémence du climat en cette
saison. Nous passerons outre si la situation devient de plus en plus difficile.
Quelque soin que nous devions avoir d'écarter de nos frères toute cause de
malaise pour leur santé, la charité peut demander qu'on coure quelque risque
pour secourir ceux qui sont en peine.
Je ne vois pas de fait bien notable à vous communiquer et d'ailleurs, pour que
le départ de cette lettre s'effectue ce soir, je n'ai que le temps de la fermer.
Offrez mes sentiments respectueux à Mme votre mère et croyez bien
vous-même, bien cher ami, à mon tendre dévouement en J. et M.
Le Prevost
L'indulgence [pour les 5 Pater, Ave, Gloria aux intentions du Souverain
Pontife], accueillie avec grande joie, est fidèlement gagnée par toutes nos
maisons de Paris; je fais avertir celles du dehors. Que Dieu soit béni de cette
nouvelle faveur!
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