Les études cléricales du frère Girard. Qu'il se renseigne
auprès des Camilliens, dont les cours seraient "d'un bon usage pour les membres de notre famille religieuse".
Chaville, 25
août 1868
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
J'ai reçu avec une satisfaction particulière votre dernière lettre; elle a
dissipé mes inquiétudes sur votre santé, au moins pour ce qui regarde des malaises
graves; c'est beaucoup d'avoir traversé sauf, sinon tout à fait sain, cet été
rude et difficile, une première année surtout. J'ai vu aussi que vous n'aviez
pas de souci pénible au sujet de vos études; vous avez raison de vous remettre
pour cela, comme pour tout, aux mains de Dieu. Je crois qu'il est selon ses
vues que nous y songions sérieusement pour la réouverture des cours. J'espère
toujours que votre séjour à Rome et la haute surveillance du Cercle St-Michel
ne feraient point obstacle à ce que vous suiviez vos études, soit au Collège
Romain, soit autrement, si on voyait quelque autre établissement où vous
pussiez y pourvoir plus commodément et peut-être plus brièvement. La présence
de M. Vrignault pourrait vous prêter appui pour la surveillance du Cercle qu'il
partagerait peut-être avec vous, dans une certaine mesure au moins.
Un jeune religieux de la
Congrégation de St-Camille de Lellis, fort connu
de M. Risse et qui reçoit en ce moment l'hospitalité chez nous à Vaugirard,
s'en retournant à sa Congrégation à Rome, M. Morel, nous disait qu'en leur
ordre, on fait chez eux-mêmes des cours préparatoires pour le sacerdoce et
qu'ils sont faits par quelques-uns de leurs Pères, fort habiles théologiens et
moralistes distingués. Ces cours, spécialement faits pour des religieux, sont
plus courts, parce qu'on s'étend moins sur les matières peu pratiques pour ceux
qui ne se destinent pas à l'enseignement des hautes sciences ecclésiastiques,
le droit canon en particulier, très longuement développé au Collège Romain.
Comme des sujets étrangers à sa Congrégation suivent ces cours, M. Morel
pensait qu'ils pourraient être d'un bon usage pour les membres de notre famille
religieuse. Il va retourner à Rome; vous pourriez en causer avec lui et me dire
ensuite ce que vous en pensez. M. Morel croit aussi que les membres de sa
Congrégation, qui sont tous consacrés à l'assistance spirituelle et temporelle
des malades, pourraient vous être utiles en bien des cas pour vous-mêmes et
pour ceux qui vous intéressent; vous en conférerez avec lui tous, à son retour
très prochain.
Si vous deviez trouver trop de difficultés réelles pour suivre à Rome vos
études, ou si votre santé ne s'accommodait pas définitivement de ce séjour,
nous aviserions à vous y faire remplacer; bien qu'il y eût peut-être quelque
embarras à le faire, on saurait néanmoins le surmonter.
Adieu, mon bien cher ami; vous vivez tous parmi nous, tant votre souvenir y est
puissant, tant les sympathies y sont vives à votre endroit, pour tous; croyez
particulièrement au tendre dévouement de
Votre affectionné ami et Père
Le Prevost
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