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Difficultés du courrier avec Rome. Mésintelligence entre
frères: les rappeler à la prudence et surtout à la charité.
Pour éviter tout embarras, ne pas se priver de tout appui. Dépenses
inutiles.
Vaugirard, 10
novembre 1868
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
Je m'étonne constamment que vous vous plaigniez de ne point recevoir nos
lettres. Quelques jours après le décès de M. Girard, je vous ai écrit une
lettre assez longue contenant des détails sur sa fin édifiante; j'y ai joint
aussi une petite lettre pour chacun de vos frères. Cet envoi ne vous est-il
point parvenu? Dans votre lettre du 4 novembre, apportée par le jeune zouave
(Chariot, je crois), vous dites n'avoir appris que par un mot de M. Maignen le
décès de M. Girard; mes lettres ne vous sont donc pas parvenues? Plusieurs fois
déjà la même incertitude nous est restée.
La mésintelligence entre M. Emile [Beauvais] et M. Charrin est à la fois un
chagrin et un scandale pour nous; pensent-ils donc justifier ainsi la confiance
qu'on leur a témoignée et ne comprennent-ils pas qu'ils compromettent ainsi le
bien qu'on leur donne à faire et se notent fâcheusement dans l'esprit de leurs
Supérieurs? Le Conseil de la
Communauté est profondément peiné de ce manque de vertu et de
sagesse et s'unit à moi pour rappeler ces deux frères à la prudence et surtout
à la charité.
Je partage bien le sentiment de M. Maignen relativement à la Commission du Cercle St-Michel.
En voulant vous affranchir de toute gêne et de tout contrôle, vous risquerez de
vous priver de tout appui; en cas d'embarras, personne ne vous soutiendra. M.
Maignen assure d'ailleurs que M. de Charette ne vous souffrirait pas ainsi en
dehors de tout concours des Supérieurs du Corps et que vous compromettriez
votre existence; vivez donc en paix avec la Commission et tâchez qu'elle
vous soit utile sans vous trop gêner; quelques égards et un peu de déférence
suffiront sans gêner réellement votre libre action.
M. Girard avait, comme reliquat de ses frais de voyage, 90f environ. M. Keller permet
qu'on les emploie aux achats de détail que vous demandez; je vais faire prendre
quelques manuels du soldat et vous les envoyer comme spécimens, afin de voir
s'ils vous conviennent.
MM. Paillé et Maignen, ayant trouvé votre dernière lettre à M. Keller trop
négligée, ont pensé qu'elle pouvait être supprimée. On avertit seulement le
Comité de l'envoi des 800f
de timbres.
J'ai reçu la caisse contenant les effets de M. Girard avec le marmo; elle a
coûté 16f
de port, plus presque que la valeur des effets. Je reçois aussi aujourd'hui,
par le jeune zouave, la médaille d'argent. Je vous en remercie. Les chapelets
de M. Jouin ont aussi fait plaisir aux bonnes dames. Le frère de M. Girard a
paru désirer son habit noir; je vous écrirai s'il faut l'envoyer.
Adieu, mon cher ami et fils, je vous embrasse cordialement en N.S.
Le Prevost
P. S. Pour les commissions, pas beaucoup d'inconvénient à en donner quelques-unes
à quelque personne choisie; ne pas trop les multiplier, ménager la dépense, ne
pas avoir trop de moyens et d'inventions. Une sage mesure, ni trop ni trop peu.
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