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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 1301 - 1400 (1868 - 1869)
    • 1361  à M. Trousseau
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1361  à M. Trousseau

Exhortation spirituelle à l'occasion de son ordination au diaconat. Ce qui doit animer notre petite famille: humilité et renoncement. La grâce propre au diaconat est la vertu de force. Il faut s'opposer à l'esprit du monde. Abandon à la Providence.

 

Chaville, 16 décembre 1868

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            Je vous vois avec une grande joie approcher du but si haut auquel vous avez aspiré depuis bien des années déjà et que vous n'aurez pas atteint sans épreuves et sans souffrances. Mais, plus j'y regarde, plus je reconnais que la divine et bonne Providence vous a conduit par la main et a mesuré dans sa Sagesse les difficultés, les retards comme les assistances et les grâces apparentes. Grâce à ces conduites miséricordieuses, vous arriverez au sacerdoce avec une âme virile, une heureuse expérience et surtout avec l'esprit de piété et d'abnégation qui sont l'essence même de la vie sacerdotale. Plus de hâte ne vous eût pas trouvé suffisamment prêt; que le bon Dieu est un sage et tendre Père et qu'Il fait bien l'éducation de ses enfants! J'espère qu'à présent, Il vous regarde avec complaisance et qu'il prépare les progrès nouveaux pour la consommation de son ouvrage. Soyez donc bien docile sous sa main, mon bien cher enfant, et soyez attentif aux mouvements qu'Il vous imprimera. La grâce spéciale de l'ordre que vous allez recevoir, c'est la grâce de force, ad robur; c'est un précieux don, bien nécessaire pour nous vaincre nous-mêmes et pour briser les derniers liens qui pourraient encore nous attacher au monde; son esprit est si subtil, on le respire si inévitablement qu'il faut constamment et résolument rejeter, au jour le jour, ce qu'on peut encore en retrouver en soi. Heureusement pour vous, comme pour nous tous, la vocation spéciale de notre petite Congrégation nous pose nettement en opposition avec ses aspirations et ses vues. Evangelizare pauperibus misit me; sinite te parvulos ad me venire. Voilà, en résumé toute notre mission, toute notre carrière; qu'elle est sûre et qu'elle est belle, puisque le Sauveur l'a choisie pour Lui; qu'elle est bonne aussi pour nous maintenir dans l'humilité et le renoncement, dans l'esprit de petitesse, dans le vrai sacrifice et aussi dans l'esprit d'union au Cœur de notre bien-aimé Sauveur. Entrez de plus en plus en cette voie de foi pure, de consécration absolue; elle est, je l'ai dit, particulièrement celle de notre petite famille, elle est la marque assurée de la prédilection de notre Père Céleste et de ses desseins sur nous. Continuez donc, bien cher ami, d'amasser, dans le recueillement et les saintes études, le fonds précieux que vous devrez bientôt dépenser pour le bien des âmes. La Trinité va sitôt venir; oh! que cette heure bénie puisse vous trouver tout armé et en vigilance, et puisse aussi la Trinité Sainte répandre sur vous, au grand, au solennel jour de votre ordination, la force, la sagesse et l'amour, dès à présent, pour le diaconat, et surabondamment à la prêtrise. Je vais prier de plein cœur à cette intention avec tous nos ff.; tous, nous serons avec vous en esprit quand la grâce des grâces descendra sur vous.

            Votre tout affectionné ami et Père en N.S.

                                                                                             Le Prevost

 

 




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