1362  à M. de Varax

Deux jeunes aides pour aller renforcer Amiens.

Vaugirard, 19 décembre 1868

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            Nous avons bien cherché qui nous pourrions envoyer à Amiens; nous ne voyons absolument que deux sujets, moins suffisants que nous ne voudrions, mais dont on peut néanmoins tirer parti en les soutenant un peu; malheureusement, ils seraient peu soutenus rue S^t-Jacques.

            Le premier, M. Mitouard; je joins ici un mot que M. Lantiez, partant en hâte ce matin, m'a remis sur l'envoi chez vous de ce sujet; l'obstacle des crèches cessera après Noël.

            Le deuxième, M. Thueux, jeune, de tête un peu picarde ou artésienne, mais intelligent, ayant de la foi, du bon vouloir; il va, à la condition de lui donner direction chaque semaine, deux fois plutôt qu'une. Il fait ici une petite classe et la sacristie; il est soigneux et propre pour ce dernier service, il fait bien sa classe aussi. Il a les défauts d'un très jeune homme, mais l'esprit de foi sincère et la naïveté peu commune de son cœur compensent ces imperfections; un peu plus tard, nous serons peut-être à même de vous aider mieux; pour le moment, voilà nos seuls moyens disponibles. M. Thueux vous vaudrait mieux encore que le jeune Dufour, moins sûr, dont je vous avais parlé précédemment.

            Veillez à ce que M. Bérard n'ait pas de préférés; il y avait grande tendance et elle pouvait devenir, elle devenait fort dangereuse pour lui.

            Votre tout affectionné ami et Père en N.S.

                                                                                             Le Prevost