1397  à M. Risse

MLP. rend grâces de son séjour à Rome. Joie d'avoir retrouvé les frères de Paris.

Chaville, 24 avril 1869

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            Je suis arrivé avant-hier mercredi de mon long voyage, à 7h. du matin; Dieu a daigné me bénir dans mon retour comme dans le reste de cette excursion, car, malgré d'assez grandes souffrances en mer et un trajet de 21 heures en chemin de fer, de Marseille à Paris, je secoue assez bien la fatigue et j'espère être, après un jour ou deux, en état de suivre les exercices de notre retraite qui va commencer.

            Nous y verrons, je pense, quelqu'un de chez vous; je m'en rapporte du reste à votre sagesse pour la disposition que vous prendrez à ce sujet.

            J'ai beaucoup à remercier Dieu des grâces manifestes, palpables, pour ainsi dire, qu'Il a daigné nous accorder dans notre pèlerinage; nous avons reçu l'assurance que les fins que nous désirions atteindre seront obtenues. Il ne reste que quelques formalités pour lesquelles M. de Varax est resté après moi à Rome; je pense que, dans une quinzaine, il sera de retour, mais il faut continuer à prier. On trouve à Rome beaucoup de bienveillance, mais on ne se presse pas en affaires, et l'on admet volontiers des retards qui parfois compromettent des résultats en apparence assurés.

            Remerciez beaucoup pour moi M^gr de Metz; sa si bonne lettre nous a protégés grandement; je ne manquerai pas de lui écrire dès que j'aurai quelque nouvelle certaine sur la conclusion de nos affaires.

            J'ai trouvé, ici et à Paris, tout en bon état; je n'ai pas besoin de dire que nos ff. m'ont fait un accueil cordial, l'affectueuse union est, vous le savez, le premier trésor de notre petite famille.

            Vos jeunes Messieurs vont bien; le jeune Bouquet agrée à tous par sa simplicité et sa droiture. M. Bouchy, après avoir souffert assez notablement d'un rhume qu'il avait pris dans le voyage, semble être bien remis; il est content, son caractère un peu rude s'assouplit, la lumière se fait. Le jeune Nauroy est très doux, pas très capable, mais d'un heureux caractère.

            J'ai demandé à Rome le pouvoir d'appliquer directement à la Congrégation la bénédiction pontificale que j'ai reçue pour elle. Je ferai cette application à la clôture de la retraite, si j'ai reçu à temps l'autorisation. En ce cas, je vous avertirai, afin que vous aussi vous ouvriez vos cœurs pour la recevoir.

            Adieu, mon bien bon ami et fils en N.S., assurez mes frères de tout mon tendre dévouement; j'espère que j'aurai puisé aux pieds des S^ts Apôtres à Rome, sinon plus d'affection pour notre chère famille, au moins plus de grâce, de zèle et de lumière pour la servir et l'assister.

            Votre tout affectionné ami et Père en J. et M.

                                                                                             Le Prevost