Couverture | Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText
Jean-Léon Le Prevost
Lettres

IntraText CT - Lecture du Texte

  • Lettres 1301 - 1400 (1868 - 1869)
    • 1399  à M. de Varax
Précédent - Suivant

Cliquer ici pour désactiver les liens aux concordances

1399  à M. de Varax

Diverses questions touchent l'œuvre de Rome: changement de personnel, emplacement du Cercle des zouaves.

 

Chaville, 2 mai 1869

            Mon bien bon ami et fils en N.S.,

     Les exercices de notre retraite, terminée hier seulement, ne m'ont pas laissé une seule minute de liberté pour répondre à votre lettre du 25 avril. Aujourd'hui dimanche, je m'empresse de vous écrire quelques lignes.

            Je regrette bien que vous ne m'écriviez rien au sujet de Mme de Jurieu, que je vous ai prié plusieurs fois de visiter de ma part, pour la conjurer de prendre en pitié la situation d'une ancienne, très digne et très pieuse domestique de sa tante, à laquelle domestique (Antoinette) elle néglige depuis plusieurs années de servir une rente, léguée par la tante, et qui est absolument l'unique ressource de cette servante dévouée. MM. Tulasne m'ont écrit deux fois, me priant de m'occuper de cette pieuse femme qui les intéresse hautement; je la connais moi-même, elle est ma pénitente à Chaville; il y a pour moi plusieurs obligations de ne mettre à cette œuvre aucune négligence; c'est à la veille de quitter Rome que j'ai appris que Mme de Jurieu n'était pas absente comme Mgr de Luçon420 nous l'avait dit; je vous en prie donc, mettez-moi à même de répondre sans plus de retard à MM. Tulasne.

            Pour le voyage en Suisse, il peut retarder votre retour à Amiens où votre absence laisse un grand vide, fort pénible surtout pour M. Trousseau et pour l'ensemble de l'œuvre; si vous pouvez amoindrir assez cette difficulté pour qu'elle ne reste pas trop lourde à nos frères d'Amiens, il y a certainement une bonne œuvre à faire et les choses sont d'ailleurs assez avancées pour qu'on ne puisse guère les défaire; je suis donc d'avis avec vous qu'il faut rendre ce bon office au Séminaire français et au pauvre M. Calpini.

            M. Faÿ a porté, dès hier samedi, la lettre pour Mgr de Versailles; il est absent, achevant une visite pastorale; dès son arrivée, M. Morel, Vicaire Général, fort bienveillant pour nous, mettra la chose sous ses yeux. M. Lantiez s'occupe des bustes, M. Maignen verra demain lundi le livre des Ordres religieux.

            Dimanche 2, à 1 h., on m'apporte de Vaugirard votre lettre du 27 avril.

            Le Conseil se réunissant demain, je le consulterai relativement à la fondation romaine en question et je vous en écrirai promptement. Je me réjouis qu'on ne s'arrête pas au Caffè Nuovo pour les Zouaves; il faut une maison à soi et un jardin véritable, un peu de liberté, d'espace et de respir, pas trop au centre du mouvement et du bruit; on en a de reste à la caserne, aux exercices, etc.

            L'heure de la promenade du dimanche étant venue à Chaville, je continue cette lettre dans le bois où j'accompagne les infirmes, l'ordre déjà douteux de l'épître court risque de tourner au décousu. J'achève pourtant d'épuiser les sujets mentionnés dans vos lettres. Je fais jeter à la poste à Paris, pour plus de prestesse, votre lettre à M. Trousseau; mais, arrivée aujourd'hui dimanche chez nous, elle ne peut parvenir le samedi à M. Trousseau. Les correspondances entre Rome et la France sont définitivement bien mal commodes: ou les lettres ne parviennent point, ce qui est fréquent, ou elles arrivent avec d'insupportables retards.

            Je crois qu'il ne faudrait songer à l'audience de congé qu'autant qu'on serait sûr d'échapper à l'importunité, le Souverain Pontife étant bien accablé.

            M. Ginet père, à Paris depuis deux mois, sans avoir pu voir son fils, l'obsède de lettres pour hâter son retour.

            Le remplacement ou exonération Gérold a été arrangé par M. Caille. M. Bérard, dont M. Caille paraissait désirer le rappel, quoiqu'il eût continué à faire assez convenablement son emploi à Amiens, avait, à la retraite, reçu de nous le conseil d'entrer pour deux ans dans les Zouaves; après avoir eu d'abord beaucoup de chagrin de cette proposition et de s'éloigner de la Communauté, il avait fini, sur l'avis du Père de la retraite, par prendre cordialement son parti; mais le projet rencontre de grandes difficultés. Le Comité français lui dit: Vous êtes belge, allez au Comité belge. Celui-ci dit: Vous n'êtes pas régulièrement libéré du service en Belgique; il vous manque aussi plusieurs pièces essentielles, le consentement de votre famille. Ces objections ne sont pas absolument graves. Il a 24 ans et, au Comité français, on n'exige pas de consentement des parents à cet âge; ce même Comité a enrôlé quelquefois des belges résidant depuis longtemps en France; priez M. Jean-Marie [Tourniquet] de voir le représentant du Cercle belge pour savoir si, avec des explications bien nettes sur ces divers points, on n'enrôlerait pas M. Bérard à Rome, ou plutôt encore si M. de Charette ou autre ne le recevraient pas du côté des français; la vraie difficulté, c'est qu'il voudrait que sa famille le pût croire à Rome pour la Communauté et non comme zouave pontifical.

            M. Caille viendra à Paris au moment où vous y serez pour concerter ensemble tout ce qui intéresse l'œuvre d'Amiens; tâchez que cela tarde peu.

            Je vous recommande encore l'affaire de Jurieu.

            Mille affections à nos ff., ils ont été bien recommandés pendant la retraite; bonnes et cordiales affections à M. Vrignault; respects à Mme de Varax et à Mlle Lauffer, et à tous ceux qui nous montrent bienveillance.

            Votre tout dévoué ami et Père en J. et M.

                                                                                             Le Prevost

 

     P. S. Le changement du régime à Rome ne serait praticable que dans le cas où on serait mieux posé pour les services de table, ayant un cuisinier sachant choisir et convenablement apprêter les aliments, de manière à donner ce que la santé demande; en ce moment, il faut attendre et marcher.

 

 





420 L'ancien évêque de Luçon, Mgr Baillès, résidait à Rome.





Précédent - Suivant

Couverture | Index | Mots: Alphabétique - Fréquence - Inversions - Longueur - Statistiques | Aide | Bibliothèque IntraText

Best viewed with any browser at 800x600 or 768x1024 on Tablet PC
IntraText® (V89) - Some rights reserved by EuloTech SRL - 1996-2008. Content in this page is licensed under a Creative Commons License