1412  à M. Tourniquet

Nouvelles concernant la communauté romaine; différend entre un frère et un zouave.

Chaville, 1^er  juin 1869

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            J'apprends avec peine que notre cher M. Jouin est souffrant; nous avons immédiatement et persévéramment prié pour lui; j'ai la confiance que Dieu a entendu nos prières et qu'au moment où j'écris il est déjà remis; assurez-le de nos sincères sympathies et donnez-nous au plus tôt de ses nouvelles. Je compte bien aussi que les malaises de nos ff. Emile [Beauvais] et Charrin n'auront été qu'un effet des premières chaleurs et n'auront pas de suite.

            Je me hâte de vous dire que j'ai obtenu du Comité que le jeune Rabusier aille vous rejoindre comme postulant de notre Communauté et comme aide pour vous; il partira, je pense, tout prochainement. M. Faÿ lui écrit près de sa mère, où il s'est rendu en attendant la décision, afin qu'il arrive sans retard. Il désire avoir chaque jour quelques instants pour étudier; vous verrez si vous avez possibilité de favoriser cette aspiration sans grande difficulté.

            Nous prions beaucoup pour le Commandant Cirlot; dites à sa chère et pieuse femme, ainsi qu'à lui, tout l'intérêt que nous inspire sa position.

            M. Vrignault prépare le rapport sur les deux Cercles; il y joindra les budgets.

            M. Paillé a recommandé au Comité le renouvellement des abonnements. Je ne sais si M. Vrignault a pu faire quelque chose dans le sens du bien que vous m'indiquez dans votre lettre.

            Je regrette bien le démêlé que M. Charrin a eu avec un zouave; ne peut-on, avec un peu de prudence et une conduite mesurée, éviter ces contrariétés? Vous ne me dites pas en quoi a consisté ce différend. Si celui qui a menacé M. Charrin était dans son tort et si M. Charrin n'en a eu aucun de son côté, il y avait peut-être à examiner s'il n'y avait pas à en avertir M. de Charette; il faut que nos ff. soient respectés, mais il faut surtout qu'ils méritent de l'être. Il y aurait, en pareil cas, à examiner ce que la prudence chrétienne demande, afin de ne pas importuner pour un rien les chefs, en courant risque de susciter beaucoup de rancunes parmi les zouaves. Je le répète, tout alors est à peser devant Dieu, en prenant aussi conseil, si le cas le demandait. Je pense que vous aurez suivi cette marche.

            Adieu, mon bien cher enfant, je vous écrirai, si je puis le faire à temps, pour vous annoncer le départ du jeune Rabusier.

            Offrez à l'occasion nos respects à toutes les personnes qui nous ont montré bienveillance, et c'est en vérité toutes celles que nous avons vues. Priez M^gr Bastide de vous avertir quand M. Cuvinot, un de nos amis communs, viendra chez les FF. de S^t Jean de Dieu pour sa santé, à Paris, afin que j'aille le visiter.

            Je vous autorise, si vous le trouvez à propos, à ne pas remettre le mot ci-joint à MM. Emile et Charrin; il me semble toutefois qu'il ne peut que leur faire du bien.

                                                                                             Le Prevost