1420  à M. de Varax

Manque de personnel; le Noviciat se vide. Agir de concert: c'est à ce prix que "le bien se fera pour vous et pour les Œuvres".

Chaville, 14 juin 1869

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            Je vous envoie notre jeune Fonlupt, à peu près remis en santé, sans être encore bien fort; vous aurez, dans les premiers moments, un peu de ménagement pour lui. Je crois que vous serez content de ses services; il a un cœur droit, le sentiment du devoir, l'amour de la régularité et une grande docilité; c'est beaucoup, c'est, avec la piété, ce qu'on demande pour faire un vrai religieux; puisse-t-il, sous votre conduite, confirmer et accroître ces bonnes dispositions. Le Noviciat, comme je vous l'ai dit, perd d'un seul coup l'apparence d'augmentation qu'il avait prise; le jeune Fournet, venu de Vaugirard, a dû se retirer par insuffisance physique, morale et spirituelle; bon enfant d'ailleurs, mais pas du bois dont se taille un bon religieux; ainsi, en d'autres conditions, de MM. Xavier [Walter] et Miotte, partis aujourd'hui l'un et l'autre; le jeune Fonlupt envoyé à Amiens, vous voyez que le Noviciat reste bien modeste.

            Une pensée, point mûrie encore, me tenait à l'esprit: vous envoyer dans une quinzaine, ou après la fête de S^t Vincent de Paul, jusqu'à la fin de septembre, MM. Pattinote et Boiry ensemble, parce qu'isolés ils auraient quelque ennui peut-être et qu'ils se soutiendraient l'un l'autre étant réunis; ils vous aideraient l'un et l'autre, ayant le goût, l'intelligence des œuvres et étant alors assez remis pour y participer sans trop de fatigue. Tous les deux auraient besoin d'un peu d'étude, mais ils la trouveraient, ce me semble, sans difficulté. Pour alléger la charge de la maison d'Amiens, je paierais pour eux une petite pension, à raison de 300f pour chacun, leurs services servant de compensation pour le reste (vêtements restant à ma charge.) Je ne sais quelles objections rencontrera, ici ou ailleurs, ce projet tout à fait inédit (hors de mon cerveau); je le risque, sauf à l'effacer s'il est mal conçu.

            L'affaire de Ragatz est curieuse, mais tout sera bien; le propriétaire a sa montre, M^me de Varax, le contentement du service qu'elle lui a rendu; j'espère que l'homme aura au moins donné les 5f aux pauvres, après tout, mieux vaut cela que rien.

            J'ai la honte de n'avoir pas encore fait l'envoi des trois S^t-Vincent à Rome; je m'y mets aujourd'hui, je ferai corriger mon grimoire latin par M. Planchat. Je suis toujours sur les chemins, ce qui avance peu les correspondances.

            Dites de temps en temps un mot à chacun de nos ff. de notre part; il est littéralement vrai que nous les avons toujours présents à l'esprit; communiquez cette lettre à M. Caille et, en général, faites tout ensemble et de concert; c'est à cette condition que le bien se fera pour vous et pour les œuvres.

            Ci-joint une lettre pour M. Ginet; on le regrette toujours à Chaville.

            Votre ami et Père affectionné en J. et M.

                                                                                             Le Prevost

            J'attends un jeune postulant latiniste qui m'est envoyé par deux ecclésiastiques de Paris, les choses ne sont pas pourtant pleinement décidées; il me paraît bien, j'ai besoin de le revoir.

            Notre fête de S^t Vincent de Paul se fera, je pense, le 19; elle est, en notre ordo, trop romain, rejetée au 24 (samedi); mais, à la condition de faire chanter la grand'messe par M. d'Arbois, qui sera ici à ce moment, ou par un prêtre moins romain que nous, nous tournerons la difficulté.