Fondation d'un patronage pour les enfants des fabriques:
prudentes réserves.
Chaville, 25
août 1869 - St Louis
Mon bien bon ami et fils en N.S.,
Je me réjouis de la création du nouveau patronage dont vous avez cru possible
de vous occuper pour les jeunes apprentis des fabriques de votre ville. Ma
vieille prudence, un peu trop timide peut-être, a bien un peu d'inquiétude,
sans doute, en vous voyant seul à N.D. des Champs, et M. Moutier seul aussi à
la nouvelle œuvre. Lui, si jeune, un peu trop confiant en ses forces et disposé
ordinairement à agir sans beaucoup consulter, peut trouver là des écueils, mais
votre vigilance saura, je l'espère, le prémunir contre ce danger, sans
néanmoins le priver de la part d'initiative dont il peut sagement disposer. Je
compte surtout sur l'aide du Seigneur qui voit la droiture de vos vues et qui
daignera vous assister.
Je pense que vous et vos ff. prenez en ce moment quelque peu de repos durant
l'interruption de vos classes; il sera bien court et la charge ordinaire de vos
travaux reviendra bientôt s'imposer à vos épaules. Je demande au bon Maître
qu'il daigne la porter avec vous, afin qu'unis à Lui et tout allégés, vous puissiez
dire: Le joug est doux et le fardeau léger. C'est la merveille qu'opère le
véritable amour.
Encore un peu de temps et viendra le moment de la retraite; elle sera donnée
par le r.p. Demante (frère de notre abbé Demante), jésuite de la maison de
Poitiers, et commencera le dimanche soir 3 octobre; vous verrez si vous et
quelqu'un de vos ff. pouvez y prendre part.
Nous attendons ces jours-ci M. Risse, qui va prendre un peu de repos à
Chaville. M. Baumert, le nouvel ordonné, gardera la Maison en son absence.
Je pense que M. Trousseau va être ordonné en septembre. Il a, à Amiens, la
direction de la deuxième maison occupée par l'orphelinat et un patronage.
Les jeunes Frézet, Rousseau et Vernay (de Chaville) ont pris la soutane au jour
de l'Assomption.
M. Boiry va un peu mieux, mais je doute qu'il puisse reprendre sa place au
séminaire d'Angers à la rentrée; je vais tâcher d'avoir un avis précis du
médecin.
Je ne sais non plus comment ira M. Cauroy; il désire beaucoup suspendre une
année ses études, c'est, je le crois, un mauvais moyen de se remettre.
Adieu, mon bien bon ami, assurez tous nos frères de ma cordiale affection et
prenez-en vous-même une grande part.
Votre dévoué ami et Père en N.S.
Le Prevost
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