1452  à M. Chaverot

Comment remplacer MLP. à la chapelle de ND. de La Salette, pendant son séjour à Duclair. Liberté d'adorer Dieu; habitude de la présence de Dieu.

Duclair, 7 septembre 1869

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            Je suis arrivé ici hier, lundi 6, chez ma sœur, où je dois rester jusqu'à la fin de la semaine; je n'ai pas pris soin toutefois de m'entendre avec vous pour que vous me fassiez remplacer samedi prochain à la chapelle de N.D. de la Salette, et je ne suis pas sûr que vous puissiez le faire sans difficulté. Il me semble cependant que M. Lantiez, prévenu à temps, pourrait dire la messe de communauté, M. Demante celle de ces Dames de la Convalescence, et vous celle de la Salette. Mais, si je ne me trompe, c'est ce même samedi 11 que doit se faire la clôture de l'adoration à notre chapelle de N.D. de Grâces; en ce cas, on n'aurait pas à compter sur M. Lantiez, ce qui ferait une lacune difficile à combler. M. Juéry, vicaire de Vaugirard, pourrait-il vous donner sa messe? C'est douteux, en ce temps des vacances.

            J'ai voulu vous dire à temps ce petit embarras, afin que vous voyiez si vous pouvez y parer; sinon, je reviendrais vendredi au lieu de samedi. J'aurais préféré ce dernier jour parce qu'à peine arrivé ici et à demi reposé du voyage, je suis obligé presque tout de suite de me remettre en route; mais je ne veux pas, d'un autre côté, vous créer une gêne par ma faute; je vous prie donc de me dire si vous voyez quelque moyen de pourvoir à la messe de la Salette pour samedi 11; sinon, je reviendrais vendredi à Vaugirard. En me répondant, je vous serais obligé de me renvoyer les lettres qui me seraient arrivées et qui sembleraient pressantes; si elles n'avaient rien d'urgent, inutile de me les adresser, je les trouverais samedi à mon retour.

            Je n'ai rien appris de nouveau dans ma route et je trouve ici tout comme je l'avais vu, il y a trois ans, quand j'y suis venu; on peut adorer Dieu ici comme à Paris, je m'y trouve donc fort bien; partout où j'aurai ce précieux avantage, le pays, quel qu'il soit, me plaira; là où est Dieu, Il suffit; Il est partout, on pourrait donc être bien partout; oui, mais les hommes ne veulent pas qu'on le serve librement, en tout lieu; voilà ce qui peut faire que tous les lieux ne soient pas également bons et habitables. Dieu est bon et ses œuvres sont bonnes, les hommes seuls sont mauvais. Vous le saviez déjà, j'ai voulu seulement vous montrer que je n'avais rien appris de nouveau et joindre la preuve à ce que je disais à la première ligne de ce paragraphe. Il serait superflu de rien dire de plus, c'est pourquoi je clos ces lignes, en vous assurant (sans nouveauté aussi) de mes bien tendres sentiments en J. et M.

            Votre dévoué ami et Père                                              Le Prevost

            P. S. Demain, je vais beaucoup prier notre bien-aimée Mère pour toutes les âmes de notre petite famille et pour toutes celles de la grande famille humaine; son cœur est assez large pour les embrasser toutes, elle est assez puissante pour répandre des grâces sur toutes.