Condoléances à l'occasion du décès de sa mère. S'affermir
dans sa vocation.
Chaville, 13
septembre 1869
Mon bien cher enfant en N.S.,
Nous avons appris avec une vive affliction la douloureuse épreuve que le
Seigneur vous a imposée en vous retirant votre bonne mère; l'affection tendre
que vous aviez pour elle vous a rendu ce coup d'autant plus sensible qu'il vous
a frappé presqu'à l'improviste et sans que vous ayez pu vous y préparer.
Bénissons toutefois la divine Miséricorde, car Elle a pris soin d'adoucir votre
peine en vous laissant la consolation de penser que votre bonne mère, si bien
préparée par ses pieuses dispositions, n'a quitté la terre que pour chercher le
ciel. Bienheureux les morts qui meurent dans le Seigneur, dit la Sainte Ecriture;
or si votre excellente mère est ou doit être bientôt heureuse comme nous le
pouvons espérer, nous ne saurions nous affliger comme ceux qui sont sans
espérance.
Nous ne sommes pas seulement unis à vos regrets, nous nous sommes associés à
vos prières en demandant tous ensemble dans nos exercices, et au St Sacrifice
surtout, que le Seigneur ne tarde pas à attirer au ciel l'âme de sa fidèle
servante, morte dans la foi et dans la sainte espérance.
Vous pouvez compter tout particulièrement que nos ff. d'Amiens vous
accompagneront de leurs sincères sympathies, ils vous sont déjà très attachés;
M. de Varax m'écrivait dernièrement qu'il était très satisfait de vos bonnes
dispositions et de votre zèle dans vos emplois.
Demeurez donc ferme dans votre vocation qui paraît être vraiment de Dieu, et
comme le séjour hors de la communauté est toujours une épreuve pour les
volontés même les plus solides, ne prolongez point votre absence au-delà du
temps qui sera nécessaire pour le règlement de vos affaires et affections de
famille. Votre lettre m'annonce, du reste, que telle est votre intention et je
présumais bien d'ailleurs qu'il en serait ainsi en me souvenant que vous avez
été courageux, dès l'abord, en vous offrant pour le service de Dieu. Comptez
bien qu'il ne laissera aucun sacrifice sans récompense.
Adieu, mon bien cher enfant, je compte me rendre à Amiens samedi prochain 18,
pour l'ordination de M. Trousseau. Ce sera une joie pour moi si je puis vous y
trouver.
Votre dévoué ami et Père en N.S.
Le Prevost
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