Difficultés aux Cercles Militaires: ménagements à l'égard
des aumôniers. Voyage du père lantiez
à Rome. Raison d'accepter une Commission.
Vaugirard, 19
octobre 1869
Mon bien cher enfant en N.S.,
M. le Vicomte Anatole Lemercier, l'un des membres les plus influents du Comité,
est parti pour Rome depuis trois jours; il y est sans doute, et vous l'aurez
peut-être vu déjà. Vous pourrez vous entendre avec lui, en particulier pour
l'affaire Gennetier, et faire ce qu'il vous conseillera. Je pense qu'il
maintiendra aussi la décision très formelle du Comité qui s'oppose absolument
au logement au Cercle des aumôniers. Je m'étonne que M. Descemet ait si peu
compris la portée des vues de MM. les aumôniers et l'intérêt qu'avait le Comité
à s'y opposer; des renseignements sûrs, venus de Rome, avaient informé MM. du
Comité assez nettement pour qu'il sût à quoi s'en tenir.
Je répondrai à M. Emile [Beauvais] au plus tôt et j'écrirai, si je puis, à M.
Jouin. Après-demain jeudi, 21, je ferai partir le jeune Pappaz pour remplacer
aux Zouaves M. Charrin; je crois qu'il fera bon ménage avec M. Emile; c'est
aujourd'hui un grand jeune homme de 20 ans, tout à fait capable de bien tenir
cette position; vous veillerez beaucoup sur cette jeune âme, chère à Dieu et
bien préservée.
En même temps, M. Lantiez, ayant pour la Communauté une mission absolument étrangère aux
Cercles, se rendra aussi à Rome pour quelques semaines. Il va sans dire qu'il
ne pourra loger à la
Villa Strozzi; son arrivée, après les entreprises des
aumôniers, aurait trop l'air d'un acte d'opposition; rien n'est plus loin de
notre pensée. Vous verrez où il pourrait loger convenablement sans trop de
frais. Peut-être serait-il praticable, quand Gennetier aura quitté le Palais
Mariscotti, que M. Lantiez y trouvât une petite chambre momentanément; il
resterait aussi étranger d'ailleurs aux Zouaves qu'à la légion.
Vous agirez toutefois prudemment et sans risquer de vous
susciter de nouveaux ennuis; je pense, du reste, que si MM. les aumôniers
s'occupent de M. Lantiez, ils seront bientôt convaincus qu'il n'est à Rome pour
aucune cause qui puisse les intéresser.
Présentez mes respects au Commandant Cirlot; il a eu la bonté de venir à
Vaugirard en mon absence, je l'ai profondément regretté; de tous les officiers
de la légion, il n'en est aucun pour qui je me
sente plus d'estime et de sympathie. J'ai vu le Capitaine Prevost, mais pas le
Colonel; je ne sais s'ils ont, avec M. Keller, arrangé quelque chose pour ce
qui regarde la Commission;
M. Lemercier y avisera sans doute, si on a jugé qu'on devait prendre ce parti.
J'ai écrit au Comité qu'en ce cas il me semblerait nécessaire que vous fissiez
partie de cette Commission. Je n'ai du reste aucun indice qui me montre qu'on y
songe. Je pense, pour ma part, que, si elle était bien composée, elle pourrait
vous appuyer et vous conseiller utilement; en bien des occasions, un avis
bienveillant et éclairé vous serait avantageux.
Trois jeunes zouaves viennent de venir ici à Nazareth, d'où je vous écris, pour
s'enquérir d'un paquet de timbres de 200 et quelques francs qui y aurait été,
disent-ils, déposé en juillet dernier; nul ici n'en a souvenir ni trace.
Adieu, mon bien bon ami et fils en N.S., croyez, vous et vos ff., à tous mes sentiments
de tendre affection en N.S.
Respects aux rr.pP. Brichet et Laurençot. Le Prevost
J'ai envoyé votre lettre à M. Keller.
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