Visite à M. Keller. Instructions pour la constitution de la Commission des Cercles.
"qu'elle se compose de gens d'esprit droit et sans passion, qu'on vous y admette".
Vaugirard,
1er novembre 1869
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
J'attendais aujourd'hui de vos nouvelles ou une lettre de M. Lantiez; pour
prendre mieux patience, je commence à vous écrire moi-même.
J'ai vu mardi dernier M. Keller, de retour à Paris depuis la veille seulement;
il ne m'a pas paru être impressionné défavorablement en suite des rapports que
lui ont fait le Colonel et le Capitaine Prévost; il est vrai qu'il est fort
discret, comme il convient que soit un homme politique, et que son silence n'a
pas de signification bien précise. Il est d'avis, avec le Comité, qu'on doit
composer une Commission de trois ou quatre personnes bien choisies pour la
haute direction du Cercle; j'ai insisté sur ces points qu'on fût bien attentif
à ne pas gêner l'action habituelle des frères et qu'on vous mît de la Commission projetée.
J'ai entrevu que des instructions avaient déjà été envoyées en ce sens à M.
Lemercier. On l'a aussi chargé de préparer, avec la Commission, un projet
de règlement. Je crois qu'il serait fort à souhaiter qu'on ne mette point dans
cette Commission ceux qui vous sont systématiquement opposés.
Je ne vois aucun fait intéressant à vous communiquer d'ailleurs concernant les
Cercles; la présence à Rome de M. Lemercier transporte là en ce moment l'examen
des questions qui vous occupaient, celle de Gennetier en particulier.
Je pense que M. Emile [Beauvais] est content de son jeune compagnon [Pappaz].
M. Paillé m'a remis pour vous, en deux versements à distance, 72 et 60f provenant de valeurs à vous
appartenant; si vous le trouviez à propos, j'enverrais 50f à M. de Varax pour votre
sœur (je ne sais pas laquelle) qui se plaint beaucoup.
M. Keller a exprimé de nouveau la volonté expresse que M. Louis [Klingenhofen]
ne demeurât pas à la
Villa Strozzi; je pense qu'il l'aura dit aussi à M.
Lemercier, je ne lui ai pas demandé.
2 novembre.- Je reçois à l'instant la dépêche télégraphique de M. Lantiez et
j'y ai répondu, comme vous l'avez vu, par un télégramme à M. Lemercier. Je n'ai
pas le temps d'écrire aujourd'hui à M. Lantiez, mais tout ce que j'aurais à lui
dire est compris ici; aller prudemment, garder pour vous position digne et
liberté suffisante pour agir dans l'intérêt du bien; tâcher que la Commission se compose
de gens d'esprit droit et sans passion, qu'on vous y admette, c'est tout ce que
je vois.
M. Paillé attend cette lettre.
Tendres affections pour tous.
Votre ami et Père en
N.S.
Le Prevost
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