Diverses questions intéressant la famille de sa
bienfaitrice. Dans le climat politique de "notre
pauvre France", MLP. se réjouit de la nomination, à un poste de
responsabilités, d'un homme sage et loyal.
Vaugirard, 9 novembre 1869
Madame la Marquise,
Pardonnez-moi d'avoir tant tardé à répondre à votre aimable lettre; des
malaises successifs, occasionnés par les premières atteintes de la mauvaise
saison, m'ont fort dérangé dans mes travaux; je ne veux pas toutefois différer
davantage à vous remercier, ainsi que votre cher entourage, de vos bons
souvenirs, si précieux pour moi.
Je prends la plus vive part à vos sollicitudes, et je les ai mises bien des
fois devant Dieu; je comprends, je dirais presque que je sens les souffrances
des mères en ce qui touche le bonheur de leurs enfants, et je m'associe
cordialement à vos préoccupations au sujet de votre cher fils. J'espère
qu'elles vont trop loin et que l'issue de ses épreuves sera meilleure que vous
ne pensez.
Je n'oserais émettre un avis relativement à un séjour momentané de votre cher
Richard dans une maison de préparation pour les examens, ne connaissant pas
assez ses habitudes et son caractère pour rien préjuger en ce sens. Prise en
général, la question me semblerait bien plus facile à résoudre, parce que je
vois de grands avantages pour un jeune homme à goûter un peu de la vie en
commun et à sentir le frottement avec ses semblables, puisque, tôt ou tard, il
faudra bien subir ce contact.
J'ai eu un moment la pensée qu'il serait peut-être utile de consulter le r.p.
Olivaint, qui connaît votre cher fils et qui pourrait indiquer les
établissements les plus sûrs, ou indiquer d'autres moyens; je ne pourrais faire
cette démarche sans y être autorisé par vous; si vous la jugiez utile, Madame,
je la ferais de grand cœur, dans la supposition où votre retour à Paris ne
serait pas tout prochain.
J'ai commencé les 50 messes demandées par Madame d'Hurbal; dans la pensée
qu'elle désire que ses intentions soient bientôt remplies, je donnerai la moitié
de ces messes à l'un de nos ecclésiastiques.
J'ai vu quelques instants dernièrement votre bien bon oncle, M. de
Caulaincourt, et je viens de recevoir un bulletin qui m'annonce, si je ne me
trompe, qu'il est nommé de nouveau membre du Conseil Général, je m'en réjouis;
les hommes sages et de loyales vues comme lui sont trop rares aujourd'hui dans
les affaires de notre pauvre France.
Je vais attendre, Madame la
Marquise, le moment qui ramènera ici vous et votre chère
maison; ce me sera une vraie joie de vous revoir et de vous assurer de nouveau
du bien respectueux dévouement avec lequel je suis
Votre humble serviteur et ami en N.S.
Le Prevost
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