Ne pas se charger d'œuvres écrasantes qui rendent
impossible le gouvernement de la Congrégation.
Vaugirard, 10 décembre 1869
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
Je viens d'envoyer à la poste une expédition de l'acte de Société, afin que
vous puissiez à l'avance prendre les dispositions nécessaires, votre séjour ici
devant être fort court. Nos ff. du Conseil s'inquiètent plus que moi encore de
la diversion inévitable que le nouveau patronage des manufactures va apporter
aux soins que vous devez avant tout aux deux œuvres, déjà bien lourdes, de la Maîtrise et de N.D. des
Champs. Tous trouveraient bien désirable que vous fissiez des enfants des
manufactures une œuvre entièrement dépendante de St
Vincent de Paul et que vous n'y engagiez ni vous ni vos ff.. Parmi les jeunes
gens excellents de N.D. des Champs, n'en est-il donc pas un ou deux que pussent
seconder activement les confrères de St-Vincent de Paul?
Partout nos charges sont écrasantes; le centre de la Congrégation, qui
doit soutenir l'ensemble du corps, est absolument dégarni et souffre
notablement; si les Supérieurs locaux se font des positions telles qu'on ne
puisse les changer de destination sans faire crouler toutes leurs œuvres, c'est
créer un état de choses qui rend le gouvernement de la Congrégation
impossible. Les dettes de votre chapelle ne sont pas encore payées, et voilà
qu'il faut en contracter d'autres. Faites ce que vous pourrez pour atténuer ces
graves difficultés dont nous sommes fort préoccupés.
Vous ne prendrez ces observations, bien cher ami, aucunement comme un blâme;
j'en aurais d'ailleurs ma part, puisque je me suis borné, au premier indice de
ce projet, à exprimer des craintes et des répugnances et que je n'ai pas saisi
de suite qu'il s'agissait pour nous de prendre une part active à cette œuvre;
telle que je la vois présentement, elle est tout autre; elle nous est un juste
sujet d'inquiétude; si vous pouvez en diriger le cours de façon à n'en pas
faire un poids de plus pour nous, vous entrerez bien dans nos vues.
Recevez, pour vous et pour vos frères, tous
mes sentiments de tendre affection en N.S.
Le Prevost
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