1491  à M. Tourniquet

Après le départ du père Lantiez, se "confier de plein cœur en la Providence". S'appuyer sur la grâce, "lumière pour nous conduire, charité pour rendre tout aimable, force pour tout supporter".

Chaville, 6 janvier [1870]

Epiphanie

            Mon bien cher enfant en N.S.,

            Voilà M. Lantiez revenu parmi nous; sa présence était bien nécessaire de notre côté, car nos charges sont lourdes et nous sommes peu forts pour les porter quand nous ne sommes pas tous réunis; mais, pour votre part, vous sentirez son absence, car il vous soutenait et vous encourageait, tout en évitant de vous séparer de votre direction ordinaire qu'il importait de ménager. L'appui momentané que la Providence vous a ainsi envoyé au temps où vous en aviez le plus besoin vous sera une raison nouvelle de vous confier de plein cœur en Elle, car ce qu'Elle a fait dans le passé, Elle le ferait encore si quelque nouvelle épreuve vous advenait. Bon courage donc, mon bien cher enfant; si Dieu est avec nous, que pourrions-nous craindre? Nous serons forts contre tous.

            Je vous remercie de vos souhaits de nouvel an, je sais qu'ils partent d'un cœur affectueux et dévoué dont les années m'ont prouvé la fidélité. Tous nos ff. s'unissent à moi pour vous assurer d'un parfait retour; nous pensons à vous, nous en parlons souvent, et surtout nous prions bien régulièrement pour vous; aux recommandations du soir, celle des ff. de Rome n'est jamais omise et ce n'est pas une seule voix qui la prononce.

            M. Lantiez me laisse espérer que vous allez vous soutenir et vivre dans la paix; restez bien fermes dans vos exercices et appuyez-vous beaucoup sur le spirituel; la grâce de Dieu, c'est tout ensemble lumière pour nous conduire, charité pour rendre tout aimable, force pour tout supporter.

            M. Lantiez, en partant pour Amiens dont il devient Supérieur, me disait avec instance qu'il fallait recommander à M. Emile [Beauvais] et à vous de tenir bien vos comptes en règle; ce point est, en effet, d'une importance majeure.

            J'ai remis à M. Gallais la note de vos commissions, c'est lui qui doit en surveiller l'exécution, confiée à M. Bérard; M. Charrin s'entendra avec eux.

            Adieu, mon bien cher enfant en N.S., croyez au tendre dévouement de

            Votre ami et Père

                                                                                             Le Prevost