1507  à M. Tourniquet

Persévérer dans la patience et l'humilité. Plusieurs questions d'ordre pratique. récit de la mort subite d'Auguste Myionnet, dernier des frères de Clément Myionnet.

Vaugirard, 19 février 1870

            Mon bien cher enfant en N.S.,

            Continuez à travailler, ainsi que nos frères, dans la patience et l'humilité; Dieu sera avec vous, Il vous bénira tous et, si vous n'avez pas l'approbation des hommes, vous en serez d'autant plus chers au Seigneur.

            Je vais prier M. Vasseur d'acheter la papeterie de M^gr Termoz et je vous en ferai l'envoi.

            Pour la croix de procession, on va la faire, mais il ne faut pas s'en rapporter à la mémoire de notre cher Pappaz. Le prix réel de cette croix est, comme je vous l'ai dit:

            On la cèdera à 150f, mais pas à moins; elle est vraiment belle, et c'est une œuvre d'art.

            Je vais faire la demande pour le corps du jeune saint et je vous l'enverrai.

            M. Gallais me dit que tous vos envois demandés par vos notes sont en route.

            Le chapelet pour la rue Virginie, à Grenelle, a dû être remis à nos ff. de Grenelle; je saurai s'ils en ont connaissance.

            Pour la petite boîte destinée à Compiègne, on avait dit qu'elle devait être portée chez les Dominicains qui la feraient parvenir. M. Paillé l'y a portée.

            Offrez nos sympathies affectueuses à M. Herr.

            Manque nous écrit qu'il revient, je pense que je le trouverai ce soir à Chaville; il a bravement lutté pour rester dans sa vocation.

            Nous prierons pour M. de Rivoire; je serais heureux que Dieu le donnât à notre famille religieuse, je crois que ce serait bien selon les vues de Dieu, puisqu'il a perfectionné ou peut-être trouvé sa vocation dans nos œuvres.

            M. Myionnet vient de perdre son frère, M. Auguste Myionnet, bien connu de vous tous; c'était le dernier de ses frères, il est mort subitement, revenant d'une petite promenade qu'il venait de faire à une lieue d'Angers avec ses enfants. Il causait gaiement avec eux quand il a été saisi; il est mort sur la route, la tête appuyée sur l'une de ses filles, tandis que l'autre courait chercher un prêtre et un médecin; ces secours sont arrivés trop tard; sa vie était fort chrétienne; il venait de sortir d'une église devant laquelle il était passé, il n'avait pas voulu passer outre sans y faire une petite prière avec ses enfants; c'est Dieu certainement qui lui a donné cette inspiration; cette petite prière en famille a dû remplacer pour lui les secours de l'Eglise et les derniers sacrements. Priez pour lui et faites aussi prier à son intention. M. d'Arbois perd en lui son appui le plus actif et le plus dévoué.

            Le petit Josset, protégé du r.p. Cheri, va bien comme conduite et comme travail.

            Je vois dans votre lettre envoyée par moi à M. Keller, selon votre désir, que des erreurs se seraient trouvées dans vos comptes pour votre gestion en l'absence de M. Descemet; quelles étaient ces erreurs? quelle importance avaient-elles? ont-elles été réparées?

            J'ai examiné vos comptes pour 1869. Vos dépenses personnelles n'ont-elles pas augmenté et ne dépassent-elles pas celles de l'année précédente?

            Adieu, mon bien cher ami et fils en N.S.; assurez nos ff. que, si je ne leur écris pas, c'est par défaut absolu de temps; je les aime, je prie pour eux; si je puis faire mieux en temps moins surchargés, je le ferai avec joie.

            Votre dévoué ami et Père en N.S.                                  Le Prevost