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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 1501 - 1600 (1870)
    • 1511  à M. de Varax
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1511  à M. de Varax

Conduite à tenir à l'égard d'un postulant d'Amiens inconstant. Fermeté et patience de MLP. Petit nombre de novices. Compter sur le dévouement de Victor Pavie.

 

Chaville, 7 mars 1870

            Mon bien bon ami et fils en N.S.,

            J'ai quelque petite inquiétude au sujet des dispositions de notre cher petit f. Gérold. Après avoir montré un désir si ardent de venir au Noviciat, il commençait à y trouver un peu d'ennui. Pour faire un peu diversion aux exercices quotidiens, je lui ai proposé d'aller le dimanche dans une œuvre de Patronage, ce qu'il a accepté avec un extrême empressement. L'épreuve a paru d'abord avoir plein succès; il revenait le dimanche enchanté. Mais le contentement a peu duré; après trois semaines environ, il m'avertissait que l'œuvre de Grenelle ne lui convenait pas, que les enfants lui déplaisaient, que ceux d'Amiens lui convenaient bien mieux, qu'il serait heureux de retourner près d'eux. Très doucement et affectueusement, je lui ai rappelé les principes de la vie religieuse sur la sainte indifférence à l'égard d'un emploi, et aussi cet amour généreux des âmes qui doit nous donner force pour surmonter quelques répugnances. Répugnance, pour le dire en passant, bien peu fondée, car les enfants de Grenelle sont loin d'être inférieurs comme tenue et habitudes à ceux d'Amiens. Enfin je lui ai dit que, sans lui prescrire formellement d'aller à Grenelle, puisque je ne l'y avais envoyé qu'à titre de diversion utile pour lui, je l'y engageais néanmoins, persuadé qu'il s'y accoutumerait bientôt et prendrait affection pour les enfants. Il me répondit qu'il irait, mais en pleurant à chaudes larmes; je le consolais, l'embrassais affectueusement avec des paroles d'encouragement. Il se plaignait qu'il restait une partie du jour au contrôle. J'écrivis à M. Caron, qui a la conduite du patronage (M. Gallais ayant les Jeunes Ouvriers), afin qu'il restât quelques instants seulement au contrôle. Cependant, et malgré ces prévoyances, dimanche dernier, au moment de partir, il est venu m'avertir qu'il avait la migraine et demandait à ne pas aller à Grenelle; il est resté, mais avant midi la migraine avait disparu, il a dîné comme de coutume. Comme il m'a dit avoir été réellement indisposé, je lui ai montré confiance et n'ai pas insisté. Je lui ai témoigné aujourd'hui la même confiance; il m'apportait une lettre qu'il avait faite pour vous, mais elle était fermée; il l'avait close ainsi, m'a-t-il dit, par mégarde; j'ai laissé partir la lettre sans difficulté; en général, je crois bon ne point montrer de défiance aux ff. pour les accoutumer à agir dignement et en droite intention.

            Je dois dire qu'à part quelques bizarreries d'humeur, parfois le manque de savoir-vivre, je n'ai rien vu qui soit réellement à reprendre en lui. Si, en suite du contenu de sa lettre, vous voyez quelque indication à me donner pour sa direction, j'en tiendrai compte volontiers. Je crois que sa seule et vraie difficulté, c'est le peu de maturité de sa raison, des vues encore trop enfantines et l'insuffisance de la piété et de l'esprit de sacrifice; non que tout cela soit absolument en défaut, mais tout cela est peu avancé.

            Adieu, mon bien bon ami et fils en N.S., priez pour nous; le Noviciat est assez appauvri en ce moment; nous n'avions, sans compter M. Ludger [Montalvan] encore à l'état de probation, que 4 étudiants latinistes; ils vont être réduits à 3 [MM. Pialot, Lepage et Prevost], Chupin se retirant avec une aspiration plus ou moins fondée pour les Dominicains. Deux jeunes gens, l'un de St-Etienne, l'autre de Tours, m'ont écrit pour le côté laïc; je ne sais ce qu'il en adviendra. Prions, c'est le grand, le seul vrai moyen avec le zèle et le dévouement; hors cela, tout est sans valeur et sans effet.

            Votre tout affectionné ami et Père                      Le Prevost

 

            Mille affections à tous; comptez bien sur le dévouement de M. Victor Pavie, c'est un cœur chaud et une âme haute.

 

 




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