MLP. décline une offre que ce prélat lui avait faite
d'obtenir un couvent à Rome.
Chaville, 19
mai 1870
Monseigneur,
J'ai reçu avec une vive reconnaissance votre honorée lettre, par laquelle vous
avez la bonté de m'informer que la retraite des rr.pp. Arméniens laisse vacant
un couvent qu'il nous serait bien avantageux d'obtenir, afin d'y poser notre
Congrégation dans des conditions stables qui lui permissent de travailler un
peu à Rome dans l'intérêt du bien.
Cette perspective serait assurément séduisante, car quelle est la famille
religieuse qui ne se regarde comme très favorisée si elle peut être représentée
dans la Ville
Eternelle et y servir la grande cause de la Catholicité. Mais
cette noble ambition nous semble bien haute, eu égard à notre avancement comme
corps religieux et comme puissance d'action. Nous ne voyons pas bien quelle
œuvre nous pourrions faire à Rome, sinon l'essai d'un séminaire propre exclusivement
à nos jeunes sujets ecclésiastiques qui pourraient être avantageusement formés
à Rome, en suivant les cours du Collège Romain dont les enseignements sont si
justement réputés. Mais cette entreprise, toute particulière,
suffirait-elle, aux yeux de Sa Sainteté, pour qu'Elle daignât nous accorder la
précieuse faveur d'un poste stable et privilégié dans sa Ville pontificale?
Nous n'osons l'espérer, étant surtout dépourvus d'appuis influents, n'ayant pas
de Cardinal protecteur, manquant, en un mot, des conditions essentielles qui
pourraient ménager le succès de nos démarches.
Telles sont les raisons, Monseigneur, qui nous font penser que nous ne sommes
guère en mesure présentement de profiter de la bonne occasion que vous avez eu l'aimable
pensée de nous signaler. Nous n'en gardons pas moins une vive reconnaissance de
cette initiative bienveillante; nous savions déjà, par les correspondances de
nos ff. et par les récits de ceux qui reviennent de Rome, combien tous les
nôtres ont à se louer de vos bontés, de vos constantes obligeances à leur
égard; je suis heureux, Monseigneur, d'avoir cette occasion de vous en exprimer
notre gratitude et de vous assurer des sentiments de respectueux dévouement
avec lesquels je suis
Votre humble et obéissant serviteur en N.S.
Le Prevost
des ff. de St Vincent de Paul
|