Vie de la maison de Rome. mouvement de personnel. Tenue des comptes.
Chaville, 24
mai 1870
Mon bien cher enfant en N.S.,
Je conçois que les difficultés de votre emploi et les ennuis qui s'y joignent
présentement vous fassent une pénible épreuve; je compatis à votre peine comme
à vos fatigues, et je désire bien que l'arrivée de M. de Lauriston vous apporte
soulagement; il vous aidera à examiner vos comptes et vous mettra à même, je
l'espère, de venir prendre quelque temps de repos près de nous.
Nous pensons qu'il pourra partir de Paris lundi prochain, 30 mai, supposant
qu'un paquebot part au milieu de la semaine de Marseille pour Civitavecchia.
Prenez donc confiance; Dieu vous tirera de peine et vous donnera soulagement;
souffrir pour son service est le partage de ceux qu'il aime et c'est un moyen
aussi d'expier les imperfections qui se glissent en nos actes, même les
meilleurs.
M. Emile [Beauvais] me dit qu'en mêlant M. Descemet à notre demande pour
l'aumônier, nous n'avons pas pris la meilleure voie; j'ai fait, de concert avec
M. Keller, ce que nous avons cru ensemble de plus simple; je remets la chose
aux mains de Dieu, ne voulant que sa sainte volonté.
M. Streicher est maintenant près de vous, j'espère qu'il va vous aider
efficacement; il tenait bien les comptes au Cercle et faisait bien l'économat;
peut-être pourra-t-il surveiller le restaurant. Ne serait-il pas possible de se
décharger sur d'autres que nous de la gestion et de la responsabilité de ce
restaurant? Je comprends que ce parti a bien des difficultés, mais,
d'un autre côté, c'est une bien lourde direction pour nous, vous examinerez
cette question avec M. Descemet et, avant tout, avec M. de Lauriston.
J'écris un mot à M. Emile et je l'avertis que M. de Lauriston va venir pour
vous aider à vérifier vos comptes; vous lui direz vous-même, quand vous le jugerez
à propos, qu'il s'agit ensuite pour vous de prendre quelques semaines de repos.
Adieu, mon bien cher enfant, je vous embrasse affectueusement en N.S.
Votre ami et
Père
Le Prevost
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