Conseils
pour le remplacement provisoire du Supérieur d'Angers. Nouvelles des frères. M.
Lantiez semble devoir faire défaut. Mission du
Supérieur: suivre et soutenir ses frères.
Chaville,
6 juillet 1870
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
J'ai reçu votre bonne et longue lettre du 2 de ce mois; je crains d'y répondre
brièvement plus que je ne voudrais, étant assez encombré d'arriéré en suite des
fêtes, de la première communion et confirmation de nos enfants et, hier, de la
fête du Sacré Cœur. Tout s'est passé d'une manière satisfaisante, nous n'avons
qu'à en louer Dieu.
Je le remercie aussi de tout ce que vous faites à Angers pour soutenir à la
fois la communauté, les œuvres et pourvoir encore aux charges du passé. Les 2.000f qui resteront dus à
N.D. des Champs, avec le délai qui vous est laissé, ne paraîtront
pas, je l'espère, une grosse charge à M. de Varax. Je reçois (avant-hier, je
crois) une lettre de lui; il n'est arrivé à Bagatz que le 28 juin, il se trouve
assez bien, je crains un peu qu'il ne juge pas son repos assez long s'il
s'arrête au 30 de ce mois; il ne m'en dit rien toutefois, mais je le présume
par quelques mots qu'il m'a dit ici sur l'importance qu'il verrait pour lui à
prendre part au Congrès de Versailles436; je regretterais qu'il
différât tant à reprendre sa position à Angers, où un supérieur est bien
nécessaire. Espérons que tout s'arrangera pour le mieux. Je ne vois nul
inconvénient à ce que vous alliez vous-même à ce Congrès si M. de Varax, par
ses retards, ne prolonge plus qu'il n'est désirable votre retour parmi nous.
Nous sentons grandement votre absence, et elle n'est supportable qu'à la
condition d'être fort limitée.
Je ne vois rien de bien neuf à Vaugirard, M. Barthélemy [Marchand] y donne son
aide depuis quinze jours et montre bonne volonté. Dalstein ne nous restera pas,
sa famille s'est liguée pour l'entraîner, il a cédé; ce sera une difficulté
pour les classes.
Nous ne recevons aucune nouvelle de M. Boucault; si vous deviez tarder plus que
jusqu'au 18 (jour que vous proposiez à notre entière satisfaction), ce pourrait
être un embarras pour les arrangements à prendre avec lui, car il pourrait nous
presser de les conclure et j'aimerais ne les faire qu'avec vous qui avez suivi
de près l'affaire. J'aimerais que, doucement, vous interrogiez M. de Varax sur
ses désirs, relativement à son retour, en lui disant les raisons qui vous
faisaient entrevoir le 30 comme le terme de son absence. M. Henry [Piquet]
s'est résigné à attendre aussi le retour de M. Boucault.
M. Charrin est fatigué; le gros de la tâche pèse sur lui. Je ne sais pas au
juste où en sont les travaux.
Tâchez de voir et de confirmer nos ff. d'Angers; ne pourriez-vous employer M.
Boiry à débrouiller les comptes? Je le crois assez discret. Jugez la chose
toutefois, je ne la vois que de loin.
Je tâcherai de donner M. [Adolphe] Lainé à M. de Varax, mais nous aurons des
difficultés bien grandes pour pourvoir à tout; il paraît de plus en plus assuré
que M. Lantiez nous fera défaut; le poste d'Amiens sera donc à pourvoir, et
comment? Nous ne voyons rien, absolument rien, prions Dieu de nous inspirer.
Cette communication est pour vous seul.
J'avais écrit à M. Moutier une lettre affectueuse, il ne m'a rien répondu;
peut-être qu'après s'être entretenu avec vous, il sera mieux disposé.
Je crains que les vacances entières pour M. Boiry et M. Perthuisot, passées à
Chaville, ne leur paraissent longues; n'y aurait-il pas lieu de partager cette
durée? Pour M. Perthuisot d'ailleurs, sa présence n'est-elle pas nécessaire à
N.D. des Champs?
Je crois que nous enverrons un séminariste, peut-être deux, à Angers au retour
des vacances; je n'ai encore rien de clair. J'approuve votre proposition pour
les dépenses de M. Boiry; je vais donc joindre ici seulement les 500f pour la dette de N.D. des
Champs.
Je n'ai pas le moindre doute sur l'utilité de votre retour à Vaugirard; quant
aux quelques petits dissentiments dont vous me parlez, je n'y vois nulle
gravité et je crois qu'ils sont plutôt des malentendus que des défauts
d'accord; d'ailleurs, on ne saurait jamais éviter quelques supports, même entre
frères; acceptons donc d'avance les conditions de toutes les associations
humaines.
Adieu, mon bien cher ami, je vous recommande encore nos ff.; les suivre et les
soutenir est notre première obligation après celle du soin de nous-mêmes. Tous vous
assurent avec moi de leur tendre affection en N.S.
Votre ami et
Père
Le Prevost
Je joins ici des pièces arrivées pour M. Ginet.
M. Jean-Marie [Tourniquet] est arrivé le 4, lundi dernier, fatigué seulement;
le repos le remettra.
M. Chaverot est bien posé à Rome comme aumônier.
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