Conseils
pour parfaire l'instruction de son fils Richard. Sollicitude de MLP. pour la famille de sa bienfaitrice.
Vaugirard,
7 juillet 1870
Madame la Marquise,
Je m'associe à tous vos sentiments et à ceux de Madame votre mère touchant l'avenir
de votre bien cher fils. Pour le moment présent, il semble qu'un peu de repos
lui est nécessaire pour remettre ses forces un peu lassées; une fois bien
refait, il reviendra de lui-même aux études dont il sent heureusement la
véritable utilité. Peut-être quelques lectures bien choisies contribueraient à
accroître ce goût des choses de l'esprit. Le r.p. Olivaint, qui le connaît
bien, et aussi peut-être M. Després, son professeur, pourraient indiquer les
ouvrages qui, tout ensemble, l'intéresseraient et l'instruiraient. Vous
pourriez d'ailleurs, Madame, obtenir de ce cher fils qu'il réservât pour le
soir les ouvrages qui seraient de délassement et qu'il pourrait vous lire à la
veillée, en famille. Puisqu'il doit un jour aller en Italie, un bon ouvrage sur
ce pays lui donnerait des connaissances qui seraient une préparation pour son
excursion future.
Il va sans dire que je n'oublie point la neuvaine qui se fait, moitié par moi
et moitié par un de nos prêtres; j'ai la confiance que cet acte de foi et de
piété, désiré par vous, sera agréable à Dieu; les bonnes œuvres multipliées
attirent l'abondance des grâces célestes, le Seigneur ne pouvant demeurer en
reste avec sa créature. J'ai reçu aujourd'hui les timbres pour les honoraires.
N'y aurait-il donc aucun moyen de rendre votre isolement moins profond à la
campagne? Cette bonne cousine si dévouée, que j'ai rencontrée chez vous
souvent, ne pourrait-elle passer avec vous une partie de la saison, ou bien
quelque autre qui serait libre et vous serait agréable ainsi qu'à votre cher
entourage? Ou bien encore un aumônier un peu vieux, mais aimable et de bonne
société, qui resterait chez lui à ses heures, se promènerait parfois avec votre
cher fils et animerait un peu les temps des repas et des soirées; ou bien enfin
deux ou trois amis, bien choisis, de votre cher fils, qui passeraient quelques
semaines avec lui? Ces imaginations, je le sais, sont vite écloses sur le
papier, mais leur réalisation suscite cent objections qui font tout évanouir; votre
sollicitude, si ingénieuse à chercher tout ce qui pourrait être utile ou
aimable pour votre cher enfant, n'a pas besoin qu'on lui suggère les moyens d'y
parvenir.
Pardonnez-moi donc, Madame, ces quelques suppositions inspirées par la vive
sympathie que j'éprouve en tout ce qui touche vous et votre chère famille. Il
est un côté par lequel je serai toujours sûr de ne pouvoir me tromper, c'est le
recours à Dieu; de toute mon âme donc, je le conjure de donner, à vous et à
votre maison, sa bénédiction et sa paix; puisse-t-Il conduire par la main votre
cher enfant et lui servir de père; et puisse aussi la Ste Vierge,
appui de toutes les mères, vous assister dans votre grande tâche, vous la
rendre de plus en plus douce en accroissant les aimables qualités de votre cher
fils, en même temps qu'elle l'ornera de toutes les vertus chrétiennes. C'est le
vœu de
Votre très respectueux serviteur et dévoué ami
Le Prevost
Mes respects bien empressés, je vous prie, à Madame d'Hurbal, et mes affectueux
sentiments à votre bien cher fils.
|