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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 1501 - 1600 (1870)
    • 1559  à M. d'Arbois
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1559  à M. d'Arbois

Epreuves multipliées du moment. M. Lantiez pense entrer chez les Jésuites: MLP. s'abandonne à la volonté du Seigneur. Nouvelles des œuvres. Les frères ont besoin d'être suivis spirituellement.

 

Chaville, 12 juillet 1870

            Mon bien cher ami et fils en N.S.,

            Je pense avec vous qu'il est difficile, supposé le retour de M. de Varax pour le 8 ou 9 août à Angers, que vous délaissiez la communauté et les œuvres pour un temps trop long; nous devrions donc nous résigner à ce que votre arrivée parmi nous fût différée jusqu'au 24 ou 25 de ce mois, ou même huit jours encore plus tard, si nous ne sommes pas pressés grandement par M. Boucault comme on peut le craindre. Jusqu'ici, nous n'entendons pas parler de lui. Ce sera une peine réelle et sentie par tous de ne pas vous avoir avec nous à la fête de St Vincent de Paul, où nous serons peu forts en nombre et le cœur moins dilaté que de coutume. C'est aussi un vrai détriment pour Vaugirard d'être si longtemps sans direction suivie, j'en éprouve pour ma part un regret bien vif; depuis un certain temps, les épreuves brisantes, les causes de souffrance pour notre petite Congrégation se succèdent presque journellement et me causent une tristesse contre laquelle je lutte avec la grâce de Dieu et en désirant toujours me conformer à son adorable volonté, mais non sans gémissement intérieur.

            M. de Varax m'écrit qu'il se sent mieux, mais qu'il est loin encore d'être fort; il désespérait, en partant pour les eaux, me dit-il, de pouvoir reprendre le poste d'Angers; il semble aujourd'hui plus rassuré; je pense que la perspective d'avoir avec lui M. Lainé, aux capacités duquel il a une grande confiance, concoure, je crois, à lui donner plus d'assurance. C'est une grande difficulté que d'avoir un corps frêle et souvent impuissant; les âmes, même énergiques, se sentant si mal servies, sont contraintes d'être timides et de douter d'elles-mêmes.

            J'ai reçu de M. Moutier une lettre polie, mais énonçant une décision très nette et très arrêtée pour sa défection au mois de septembre. Je lui répondrai, sans grand espoir de rien gagner; son esprit se réfugie volontiers dans une obstination muette dont on ne peut rien obtenir; prions pour lui, Dieu tient les cœurs dans sa main.

            Une autre défection devient de plus en plus imminente et nous est même notifiée, c'est celle qui, entre toutes, pouvait nous être la plus douloureuse puisqu'elle atteint la Communauté dans une de ses premières bases, dans un de ses membres anciens, de ses agents les plus actifs, qui a mis la main à tout et dont il eût paru impossible qu'on pût se séparer jamais, sinon par la mort; ce coup nous est préparé et nous atteindra bientôt; l'ordination de nos jeunes frères Sulpiciens est le dernier terme qui nous est marqué, il faudra courber la tête; Seigneur, que votre volonté se fasse et non la nôtre! Je n'ai pas besoin de vous dire d'où nous viendra cette peine, ou plutôt d'où elle nous est déjà venue, vos regards se tournent vers Amiens. Il [M. Lantiez] déclare qu'il entre chez les rr.pp. Jésuites et que les choses semblent être réglées.

            Je crois qu'il sera bien de ramener avec vous M. Boiry; tâchez de l'occuper.

            Votre réclamation à l'Union de l'Ouest me semble motivée; il ne s'agissait pas seulement d'un titre nobiliaire, mais aussi d'une imputation de supercherie et d'une sorte de mensonge; la forme du redressement me semble aussi mesurée et convenable.

            Pour la musique instrumentale, je m'étonne que M. de Varax y adhère, car je sais son opinion très arrêtée contre cette sorte d'exercice dans nos patronages, et j'ai vu une lettre longue, motivée, pressante par laquelle il dissuadait M. Derny de former une musique de ce genre à Ste-Anne; mais, s'il a cru devoir donner son assentiment, je n'ai rien à dire, des convenances locales et autres pouvant justifier en certains cas ce qu'en d'autres on pourrait regarder comme dangereux.

            Je vous recommande toujours le soin de nos ff.; plus nous marchons, plus je m'assure qu'ils ont grand besoin d'être suivis spirituellement; tâchez de confirmer M. Perthuisot doucement, affectueusement, sans pourtant que nous semblions avoir besoin de lui; l'orgueil n'est pas un lien solide.

            Priez bien pour tous, pour Chaville en particulier. M. Coquerel est convalescent, mais M. Vernay vient de s'aliter, non pour la même maladie, mais avec des indices de fièvre typhoïde. C'est la quatrième maladie qui, sans interruption, frappe cette maison.

            Tendres affections à tous, à vous tout particulièrement.

            Votre ami et Père en N.S.                                              Le Prevost

 

 




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