Intérêt
pour les besoins financiers de la maison d'Angers. Mesures prises en prévision
du siège de Paris. Vaugirard sans doute occupée
pour loger les gardes mobiles. «Le présent est triste, l'avenir est
menaçant» ; soumission à la
Providence.
Chaville,
5 septembre 1870
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
Les graves événements des derniers jours m'obligent à vous demander de surseoir
provisoirement au changement de MM. Gauffriau, Perthuisot et Ginet; cette
mesure sera aisément expliquée par ceux qui vous entourent, à raison des
circonstances où nous nous trouvons. Quelque temporaire qu'elle soit, elle
causera quelque charge à la maison d'Angers; vous m'en direz l'importance et je
m'empresserai de vous indemniser. J'ai prié M. Lainé de vous demander si je
restais redevable de quelque dépense à la communauté d'Angers.
Je n'ai que peu de choses à vous dire sur notre situation; nous jetons nos sollicitudes
dans le sein de Dieu.
Nous allons abandonner Chaville dès que l'ennemi sera peu éloigné de Paris; on
parle d'enlever les rails du chemin de fer; nous devrons prévenir cette
disposition.
Nos enfants de Vaugirard, sauf 35, sont partis; une vingtaine partira encore si
le siège de Paris se fait, comme tout l'annonce. Un officier ou plusieurs sont
venus plusieurs fois prendre des mesures pour préparer l'établissement d'une
partie des gardes mobiles dans les bâtiments de l'orphelinat; nous ne savons si
le nouveau Gouvernement adoptera cette mesure; nous espérons que, en ce cas, on
nous laisserait au moins les bâtiments occupés par la Communauté avec la
cuisine et l'infirmerie; nous attendons la décision.
Le présent est triste, l'avenir est menaçant, mais nous irons au jour le jour,
selon que Dieu daignera nous conduire, pleins de confiance et de soumission aux
desseins de sa divine Sagesse.
La dernière lettre de notre ambulance était datée de Belgique, où elle avait
été contrainte de se réfugier au moment de la bataille de Carignan; je pense
qu'elle a repris son service, bien nécessaire, après les cruels massacres de
cette terrible affaire.
Les santés se soutiennent ici, dites-moi qu'il en est ainsi chez vous. Nous
sommes dans l'attente de nouveaux appels pour le service; la guerre dévore
maintenant des nations entières.
Votre tout dévoué ami et Père en N.S.
Le Prevost
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