Mort
héroïque d'un confrère du Patronage Sainte-Anne, M. Blanchetière. MLP. exprime
sa reconnaissance à M. Caille.
Vaugirard, 2 mars
1871
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
Je vous écris deux mots pour vous remercier de votre affectueuse lettre,
d'autant mieux accueillie que, depuis bien des mois, je n'avais pas eu pareille
joie. Par une grâce spéciale et bien manifeste de la bonté divine, notre petite
Congrégation a été épargnée; sauf M. Blanchetière, que nous pouvions regarder
comme des nôtres puisqu'il devait entrer chez nous après la guerre, nous
n'avons perdu aucun de nos ff. Pour lui, il est mort dans la pratique de la
charité, ayant été frappé dans l'armée de la Loire en relevant un blessé.
Je comprends bien les difficultés que l'interruption des affaires a pu vous
créer; je trouverai donc bonnes les dispositions que vous croirez devoir
régler; M. Trousseau me fait observer toutefois qu'à son avis, on ne pourrait
soutenir la maison de Noyon, même si elle n'avait plus la charge de
l'orphelinat, qu'en ayant 5 frères. Je m'en rapporte à vous pour les
arrangements que vous croirez possible de prendre, de concert avec M.
Trousseau. Je n'ai pas de plus grand désir que de vous épargner toute
contrariété; si vous en avez eu quelques-unes, j'y suis resté absolument
étranger; les membres plus jeunes dans la Congrégation n'ayant
pas eu, comme nous, sous les yeux votre consécration au service de Dieu, si
franchement consommée, et tous les sacrifices que vous n'avez pas cessé de
faire depuis sans interruption, ne sauront en apprécier le mérite autant qu'il
nous est aisé de la faire; mais soyez sûr, mon cher ami, que tous ceux qui vous
connaissent de vieille date n'oublient aucun des services que vous avez rendus
dans les œuvres qui nous occupent, et auront toujours à cœur de vous témoigner
leur affection et leur reconnaissance.
J'ai remis à M. Trousseau 200f
qui, avec les 100 autres francs envoyés dès l'arrivée de MM. Frézet et
Barthélemy [Marchand] à Amiens, indemniseront un peu la maison des frais de
leur séjour. Je m'occupe d'ailleurs de rappeler ceux des ff. qui seront jugés
inutiles; j'ai besoin seulement d'un court délai pour examiner les dispositions
qui sont à prendre pour recomposer le personnel fort dispersé de plusieurs de
nos maisons.
Tous nos ff. s'unissent à moi pour vous assurer de leurs sentiments de cordial
dévouement et souhaitent bien qu'après une si longue séparation, vous puissiez
nous faire, sans beaucoup de retard, quelque bonne visite.
Adieu, mon bien bon ami, je suis avec ma vieille amitié,
Votre tout affectionné ami et Père en J. et M.
Le Prevost
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