1615-1 de M. de Varax à M. J. Faÿ - P. S. de M. Le Prevost
A
propos d'une collaboration à La Semaine Religieuse de
Tournay. Avis sollicité sur plusieurs questions
relatives aux œuvres
et à la réorganisation des maisons.
Vaugirard,
le 7 mars 1871
Mon bien cher frère en N.S.,
Le Père Général vous a lu avec attention et vous remercie des détails nouveaux de
votre dernier courrier. Il n'est pas convaincu, tant s'en faut, de
l'opportunité d'un arrangement tendant à charger un de nos prêtres de la
rédaction de La
Semaine. Cette besogne, plus difficile pour un
étranger que pour tous autres (vu le peu de relations qu'il a et l'ignorance de
beaucoup de détails et coutumes du pays), semble revenir naturellement à un
prêtre de Tournay, et ce serait déjà beaucoup pour nous, ce semble, que
d'assurer à celui-ci l'aide d'un Frère pour ce qui regarde l'administration du
journal. S'il faut voir dans cet arrangement proposé un moyen quasi obligatoire
de rendre service par reconnaissance à un diocèse si hospitalier pour
nos étudiants, à coup sûr la difficulté de refus sera plus grande, mais avant
d'accepter, il y aurait lieu encore d'examiner la question, de s'assurer si,
pratiquement, le travail peut être accompli quoad tempus par le prêtre
dont il s'agit; si aucun autre moyen ne reste de témoigner
notre gratitude à nos hôtes, si enfin le désir de nous renfermer strictement
dans la sphère des œuvres marquées à notre Institut ne doit pas primer toute
autre considération, car il n'est pas douteux que La Semaine sort
tout à fait du cadre de notre vocation et des besoins de la jeunesse ouvrière.
En ce qui concerne les œuvres de
jeunes et de soldats que nos Frères dirigent, le Père général pense depuis
longtemps à vous envoyer une visite de M. Maignen pour recueillir, sous votre
conduite, tous les renseignements capables d'éclairer le Conseil sur la
situation de ces œuvres. On voit plus de choses quand on est deux à regarder:
les observations de M. Maignen s'adjoindraient utilement aux vôtres dans
l'exposé qui est à faire de ces entreprises nouvelles. Probablement, M. Maignen
devrait se mettre en route sous peu de jours afin de ne pas se trouver absent
de son œuvre aux approches de Pâques. Il reviendrait alors à Paris avec vous et
M. Lantiez, ou peu avant (la combinaison n'est pas impossible sans doute) et
votre voyage coïnciderait avec le passage de M. d'Arbois dont on va hâter un
peu le retour en France. Il y aurait moyen de tenir utilement Conseil pour
s'arrêter à quelque décision sur toutes les affaires qui vous occupent.
Comme détails, le Père Supérieur vous serait reconnaissant si vous vouliez lui
envoyer un mot de l'état particulier de M. Vialloux, peu connu ici, et sur la
valeur et le caractère duquel il a besoin de sentir plus éclairé. M. Garault
sera probablement très nécessaire ici, dans quelque temps, à cause des
nombreuses réparations qu'exige la maison de Vaugirard que les soldats vont
évacuer incessamment. Pourriez-vous le diriger sur la France lorsque le moment
sera venu?
Je crois que j'ai rempli le cadre de mon épître. J'y joins un mot d'affection
pour vous, mon bien cher Père, et pour nos Frères dont le souvenir ne me quitte
pas un seul jour.
Votre humble et dévoué serviteur en
N.S.
B. de Varax
pr. S V P
Cette lettre, vous le comprenez, mon bien cher ami et fils en N.S., est
plutôt une série d'interrogations ou demandes d'avis qu'un ensemble de décisions
arrêtées; donnez-moi donc votre avis, il presse un peu en ce qui touche
l'utilité d'un voyage de M. Maignen près de vous; pour l'envoi de M. Garault,
il faudrait s'assurer près de lui s'il n'aurait rien à redouter ici pour le
service militaire; il me semble que non; je voudrais aussi que son retour ne
fût pas une difficulté sérieuse pour vos services.
Votre dévoué ami et Père en N.S.
Le Prevost
Affections à tous.
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