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Jean-Léon Le Prevost Lettres IntraText CT - Lecture du Texte |
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45 à M. MaillardRemerciements de sa lettre écrite après le mariage de V. Pavie. Leur ami Gavard lui a fait, de vive voix, le récit de l'inoubliable journée.
Je vous sais bien bon gré, très cher enfant, de m'avoir si vite donné quelques signes de souvenir, malgré les joies d'un retour, le tumulte enivrant d'une fête et les mille affections dont on vous entoure; la part que vous m'avez faite au milieu de tout cela m'en devient plus précieuse; votre chère petite lettre ira avec mes mieux aimées, mes plus choisies, avec celles que je n'ai pas besoin de relire que je regarde seulement parfois parce que les regarder me satisfait. Notre ami Gavard n'a trompé ni votre attente, ni la mienne; dès l'arrivée il m'a conduit sous les arbres au frais et là, m'ayant fait asseoir, sans désemparer trois heures durant, il m'a minutieusement raconté faits paroles et gestes. Que notre très cher Victor fût le sujet presque unique de cette longue causerie, c'était de droit, mais les autres non plus n'ont été oubliés, vous surtout, cher ami, et votre si bonne famille y avez eu la place qui vous appartenait, c'est dire grande et de prédilection comme nos sentiments pour vous. J'ai su ainsi le succès de vos vers; je l'avais bien prévu, ce sont les meilleurs, les mieux inspirés que vous ayez jamais faits: que vos larmes soient venues avec comme double hommage à notre bien-aimé Victor, rien de plus simple, le tout venait de même source. Il mérite bien d'être aimé ainsi, et vous, cher ami, le plus jeune, le plus candide de tous ses amis vous étiez bien digne de nous servir d'organe; votre voix parlait pour nous tous; oh! tel que je le sais, le cœur de notre ami a dû vibrer bien haut à pareille harmonie! le beau, le ravissant souvenir pour vous, cher enfant, bénissez Dieu, car à des millions d'autres dans toute leur vie, il n'en concède point un pareil! Et savez-vous, ami, pourquoi à vous plutôt qu'à eux telle faveur est accordée; c'est d'abord parce qu'il vous aime par-dessus les autres, car son amour est libre, puis à vingt ans votre cœur est pur encore, cela explique tout, persévérez, cher enfant, et le présent vous est un gage de l'avenir. Je vous écris à la fin d'une longue et fatigante séance de bureau, et si mon cœur, à défaut du reste, ne poussait ma plume, je n'eusse pas tenté de vous écrire. Je tenais à vous dire au plus vite et par la première occasion, quelques mots au moins en acompte sur les autres lettres que je pourrai, j'espère, vous écrire. C'est Léon qui s'en charge: pauvre garçon, depuis quelque temps il était un peu délaissé. Angers sans doute lui garde compensation. Je pense sans cesse à notre Edouard, dites-le lui, je voulais lui écrire71 aussi, mais je ne puis même mener ce billet à fin. Quand je ne pouvais ici, durant ses souffrances, lui parler de peur de le fatiguer, je l'embrassais, embrassez-le pour moi. Gavard m'a fait aimer tendrement votre famille, j'aimerai ne lui être pas étranger entièrement; dites en particulier mille choses amicales à votre jeune frère, nous sommes déjà, vous savez, un peu amis. Adieu, très cher enfant, à bientôt, tenez-moi bien près de vous, je vous ai moi toujours ici.
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71 E. Guépin reparti pour l'Anjou, c'est Léon Cosnier qui va porter à Angers cette lettre des tinée à A. Maillard. |
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