Nettoyage
de Chaville. Le frère de Lauriston demande d'aller à Nantes. Questions
financières. Prier beaucoup, "tous les moyens
humains semblent frappés de nullité".
[26
mars 1871]
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
Je ne répondrai que deux mots à votre bonne et affectueuse lettre; ma tête est
devenue lente et mal disponible depuis quelque temps, et je ne puis presque
écrire sans aide ou secrétaire. M. de Varax, qui m'aide temporairement, est
absent; son secours me fait défaut. Je suis ici à Chaville depuis quelques
jours et, pendant qu'à Vaugirard nos ff. s'évertuent à remettre en état leurs
bâtiments, successivement endommagés par les obus prussiens et dévastés par nos
corps militaires qui en ont, pendant six mois, fait une caserne à leur usage,
je tâche ici, non pas de réparer, ce qui sera pour nous l'œuvre, peut-être
impossible, de plusieurs années, mais de purger, désinfecter, vider des ordures
et fumiers les cours, les salles, tous les intérieurs, tellement empestés que
les lieux convertis en écuries semblent avoir été les moins mal employés; j'ai
peu de monde pour ce travail, nos ff. sont dispersés et les ouvriers manquent;
toutes les banlieues ayant à la fois d'immenses réparations et travaux
d'assainissement à effectuer, c'est œuvre de patience, demandez-la pour nous.
Je ne saurais répondre dès ce moment à la demande que vous me faites de vous
rendre à Nantes; comme il est dans le droit chemin que vous passiez par Paris,
nous verrons si les circonstances permettent que cette satisfaction vous soit
donnée; je ne présume pas qu'il y ait empêchement.
Pour peu que votre retour parmi nous soit différé, je vous prie d'écrire à
votre chargé d'affaires pour savoir où vous en êtes de vos revenus. Grenelle
est en souffrance, un peu d'aide lui viendrait fort à point; pour ce qui
regarde les actions que vous m'avez mises entre les mains, elles sont confiées
à la garde de notre frère, M. l'abbé Faÿ; on me dit qu'on ne paie présentement
aucun arrérage de ces titres. J'avais payé à ma sœur ce qui lui était dû
jusqu'au 15 octobre dernier; pour le terme échu le 15 janvier, il n'a point été
payé. J'ai seulement avancé 100f
au fils de ma sœur, avec l'autorisation de cette dernière.
Prions beaucoup; tous les moyens humains semblent autour de nous, en politique
surtout, frappés d'une absolue nullité; la puissance est aux mains de Dieu: levavi
oculos in montes unde veniet auxilium mihi.
Cordiales affections à mon fils Emile [Beauvais].
Votre dévoué ami et Père en N.S.
Le Prevost
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