1643  à M. Trousseau

Sur la mort glorieuse du père Planchat.

Chaville, 7 juin 1871

            Mon bien cher enfant en N.S.,

     M. de Varax vous a appris la mort de M. Planchat. Pendant quelques jours, nous avions conservé quelque espoir qu'il aurait pu échapper à la fureur des ennemis de la religion et de notre chère France. Mais aujourd'hui, il est bien certain que notre excellent frère a subi son martyre avec bon nombre de ses compagnons de captivité. Son corps, découvert par nos ff. de Paris dans une fosse commune au Père Lachaise, a été embaumé et sera déposé dans un caveau sous la chapelle de N.D. de la Salette, à Vaugirard.

            Nous sommes consolés dans notre affliction par la pensée que notre famille a donné à Dieu, à l'Eglise et à la France un martyr. Car c'est bien en haine de la foi catholique que lui et les autres victimes ont été immolés, et ils sont regardés généralement comme tels. Rendons donc grâces à Dieu de nous avoir jugés dignes de lui offrir notre frère le plus généreux dans la pratique des vertus religieuses, le plus ardent, le plus oublieux de lui-même dans l'amour et le service des pauvres.

            Vous avez déjà, sans doute, beaucoup prié et fait prier pour lui. Continuez, bien cher enfant, en n'oubliant pas spécialement les trois messes que chaque prêtre de la Congrégation célèbre pour chacun de nos ff. défunts. Nous espérons bien qu'il a déjà trouvé la paix dans le sein de Dieu. Mais, comme il y a toujours à craindre en face de la justice et de la sainteté divines, ne le privons pas de nos suffrages qui, s'ils ne lui profitent pas, seront utiles à d'autres.

            Recevez, bien cher enfant, l'expression de mes sentiments les plus paternels et les plus dévoués.

            Votre ami et Père en N.S.                                              Le Prevost

P. S. J'écris un mot à M. Streicher pour le rappeler ici, si vous trouvez son retour définitivement désirable. Aussitôt qu'il sera arrivé ici, je vous enverrai M. Bouquet.