Examen
d'une offre de fondation à Amiens. Demande de délai. Patience, confiance.
Chaville,
20 juillet 1871
Bien cher ami et fils en N.S.,
Votre dernière lettre contient une proposition qui mérite de notre part reconnaissance
envers Monseigneur [Boudinet] dont la sympathie pour vous ne se dément jamais,
mais qui aussi demande une sérieuse considération.
En principe, cette offre qui nous est faite de nous charger d'un nouvel
orphelinat où seraient recueillis les enfants des victimes de la guerre, sous
le patronage immédiat de Mgr, me paraît bien pouvoir être une
occasion opportune, suscitée par la Providence, de tourner quelques-unes de nos
difficultés et de servir le Premier Pasteur du diocèse dans l'exécution d'une
œuvre digne de tout intérêt. Mais encore faut-il en avoir les moyens. J'aurais,
en conséquence, besoin de quelques indications sur les conditions
d'établissement de cette maison, et spécialement sur le lieu où elle sera
installée. Sera-ce à Amiens même ou dans les environs? Dans le second cas, si
la distance était quelque peu notable, les rapports et la surveillance du
personnel des ff. chargés des diverses œuvres à Amiens et au dehors seraient
rendus plus difficiles. De plus, même en supposant toutes les conditions
parfaitement acceptables, il y a lieu d'examiner si nous avons un personnel
suffisant et qui nous permette d'assumer de nouvelles charges.
Je ne puis donc vous envoyer de suite une réponse, comme vous me le demandez;
ce n'est qu'après que j'aurai reçu le renseignement dont je viens de vous
parler sur le lieu de l'orphelinat projeté et que j'aurai consulté le Conseil
que je serai à même de vous répondre d'une manière précise.
M. Helluin m'a écrit qu'il ne voulait plus faire partie de la Congrégation. Pensez-vous
qu'il faille attendre et lui donner le temps d'une réflexion plus calme avant
de considérer cette décision comme définitive, ou le regarder dès maintenant
comme n'étant plus des nôtres? Si sa sortie de chez nous était arrêtée, nous
n'aurions plus à l'entretenir.
Je vous prie de faire agréer à Mgr mes remerciements pour l'intérêt
qui le porte à vouloir nous associer à ses travaux, et en même temps le délai
qui m'est nécessaire pour m'éclairer sur le parti à prendre relativement à sa
proposition.
Quant à vous, bien cher enfant, patience en vos épreuves et confiance en N.S.
Ces deux dispositions, accompagnées de ferventes prières, sont bien puissantes
sur le Cœur du bon Maître pour en obtenir les solutions des questions les plus
embrouillées.
Recevez l'assurance de mes sentiments les plus dévoués en N.S.
Votre ami et Père
Le Prevost
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