Indications
pour permettre à un postulant belge de se rendre à Chaville.
Chaville,
18 août 1871
Bien cher ami et fils en N.S.,
Un jeune Belge nommé Jean-Baptiste Istace devait ces jours-ci quitter Liège et
venir à Chaville commencer son postulat. Pour cela il comptait sur quelques
ressources pécuniaires qui lui font défaut malgré de rudes sacrifices qu'il
s'est imposés: pour gagner les frais de son voyage, tout instituteur qu'il est,
il a accepté une place de sous-cuisinier dans un collège de Liège. Il vient
donc de m'écrire qu'il ne serait en mesure de partir que vers la fin de
septembre. Il m'a semblé qu'il avait donné des preuves suffisantes d'une
volonté sincère et ferme de se donner à Dieu pour que nous ne nous exposions
pas en venant à son aide.
En conséquence, je lui réponds aujourd'hui même et lui conseille de ne pas
retarder plus longtemps la réalisation de ses désirs. Je lui dis de se rendre à
Tournay auprès de vous le plus tôt qu'il lui sera possible après le 26 août.
Vous voudrez donc bien le recevoir comme l'un des nôtres, lui procurer un
passeport à prix réduit comme vous l'avez fait pour nos jeunes séminaristes et
enfin, si ses ressources pécuniaires sont insuffisantes pour son voyage jusqu'à
Chaville, je vous prie de lui donner ce qui sera nécessaire pour les compléter.
Je pense que les 500f
que je vous envoie sous ce pli pour vous couvrir des frais funéraires de M.
Jean-Marie [Tourniquet], et des dépenses de voyages des séminaristes, vous
permettront de lui donner ce secours sans en éprouver trop de gêne.
Vous déterminerez pour le plus tôt possible l'époque de son départ pour
Chaville; vous lui indiquerez la voie à suivre, comment il doit se transporter
à la gare de Versailles et quel train il a à prendre. Je serais bien aise
d'être averti, de mon côté, du jour et de l'heure où il descendra à la gare de
Chaville, afin que quelqu'un puisse aller le recevoir.
Nos bons petits séminaristes sont arrivés exactement et heureusement. Ils
s'installent. Nous tâcherons de leur procurer le plus de repos qu'il se pourra
et de les refaire pour la carrière qu'ils ont à fournir.
Je vous renouvelle, bien cher ami et fils en N.S., l'expression de mes
sentiments les plus dévoués et les plus affectueux.
Le Prevost
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