Vacances
des séminaristes. Installation à Tournay. "d'un intérêt sérieux pour la Congrégation: nous
n'en avons pas fini avec la
Révolution".
MLP. s'inquiète de la santé de M. Faÿ. Scolasticat et Noviciat
s'installent à Vaugirard.
Chaville,
29 août 1871
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
Vos chers étudiants sont en pleine jouissance de leurs vacances; elles les
remettront, je l'espère, des fatigues de l'année qu'ils viennent de traverser
et les prépareront à en parcourir une autre avec la même bonne volonté et la
même application au travail. Ils savent qu'ils ne retourneront pas au séminaire
à l'extérieur; cette décision a paru les surprendre et un peu les déconcerter;
mais les avantages et les joies de la vie de famille leur feront oublier, nous
le pensons, le séminaire où, avec les moyens de se former à la science et à la
sainteté, ils ne rencontraient pas ceux d'acquérir l'esprit des vertus
religieuses. La plus grosse part de leur temps est consacrée aux promenades ou
récréations; le reste est partagé entre un peu d'études, un peu de lecture, un
peu de travail manuel.
M. Vialloux m'a demandé de recevoir la tonsure à la reprise des études.
Veuillez me dire votre avis. Pour moi, il me paraît bien disposé et
sérieusement appliqué à répondre aux grâces du bon Dieu; je ne verrais donc pas
de raison de lui refuser cette satisfaction.
Le Conseil se préoccupe de l'installation matérielle de votre communauté à
Tournay. Cette installation peut être d'un intérêt sérieux pour la Congrégation: nous
n'en avons pas fini avec la
Révolution; quoique, à cette heure, rien ne nous le fasse
encore craindre absolument, toutefois ce qui est déjà arrivé pourrait d'un
moment à l'autre se renouveler et il n'y aurait rien d'étonnant si les
difficultés de notre politique intérieure, qui vont toujours grandissantes,
amenaient une seconde fois la nécessité de s'expatrier. Un établissement de
quelque importance et commode, sur le sol neutre et étranger de la Belgique, nous offrirait
dans ce cas, un abri très précieux. Aussi sommes-nous bien désireux que ce
provisoire auquel vous allez être soumis en attendant la construction d'un
local définitif, soit de courte durée. Nous vous prions donc de suivre
doucement la marche de cette affaire auprès de M. Desclée en nous informant de ses
plans, des dispositions qu'il a en vue et du terme dans lequel il compte les
avoir réalisés. Nous serions bien aises, quand le moment serait venu, qu'ils
nous fussent soumis et que l'un des membres du Conseil, M. Lantiez par exemple,
puisse aller à Tournay y donner son avis afin que le résultat répondît à nos
convenances. Voyez ce que, prudemment et avec l'aide de Dieu, vous pourriez
obtenir dans ce sens.
Enfin, bien cher fils, un autre point occupe notre sollicitude. Tous ici nous
concevons des inquiétudes sur votre santé et avec moi, tout particulièrement
votre f. Auguste et les étudiants qui vous ont quitté tout récemment. Votre
état d'épuisement réclame beaucoup de soins et un régime fortifiant. Je vous
prie donc au nom de notre affection, au nom des intérêts de N.S. auxquels est
nécessaire votre santé, de travailler à vous rétablir avant l'hiver et de vous
soumettre à tout ce qu'il faudra pour cela. Faites-vous donner par votre
médecin les prescriptions convenables, et veuillez ensuite les suivre pour la
plus grande gloire de N.S.
Je compte sur votre haute raison et, s'il le fallait, sur votre obéissance pour
ne rien négliger afin de nous donner satisfaction sur ce point.
Notre séminaire paraît devoir être définitivement établi à Vaugirard; on espère
qu'un p. Jésuite en aura la haute direction et présidera aussi les exercices de
noviciat; priez bien pour que ces dispositions aient bon succès. Le pauvre
Chaville sera ainsi, je le crains, bien abandonné; Dieu y pourvoira.
Votre tout affectionné ami et Père en
N.S. Le Prevost
Affections dévouées à nos ff.
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