Invitation
à venir se fixer à Chaville. Un père Jésuite promis pour le Noviciat.
Chaville,
31 août 1871
Mon bien cher ami et
fils en N.S.,
Nous avons appris avec une joie sincère que l'effet des bains se montrait de
plus en plus décisif pour votre santé; tout nous laisse espérer que, jusqu'au
11 septembre, époque indiquée par vous pour votre retour, vous aurez
suffisamment fait usage de cette médication naturelle et que la mer aura remis
dans vos membres lassés un peu de jeunesse et beaucoup de vigueur;
rappelez-vous d'ailleurs que ce n'est pas instantanément qu'on sent l'action
des bains, mais dans le cours de la saison qui vient après; enfin, vous joignez
fidèlement la prière au remède, c'est le moyen assuré d'obtenir un résultat
toujours heureux puisque, dût-on revenir moins solide qu'on n'était parti, on a
beaucoup gagné si, au retour, on est plus uni à Dieu et plus soumis à sa très
sainte, très sage et très douce volonté.
En parlant ces jours-ci de votre retour avec M. de Varax, il me disait que ce
serait, à son gré, une bonne disposition pour vous que vous prissiez avec moi
résidence à Chaville; vieux compagnons, un peu lassés l'un et l'autre de la
course à travers la vie, nous nous serions réciproquement une édification et un
appui consolant. J'appuyais fort la pensée qui me souriait assurément, mais
j'entrevoyais comme objection votre prévention, peu fondée à mon sens, sur le
climat de Chaville pendant l'hiver. Pour moi, qui en ai fait l'épreuve depuis
plusieurs années, j'en juge tout autrement; mais il va sans dire, mon bien cher
ami, que je serai bien loin d'émettre aucun sentiment qui s'éloigne du vôtre et
que j'abonderai, au contraire, dans votre sens en m'abstenant de toute
objection, quelle qu'elle soit. Ici, vous ne seriez guère loin de Nazareth, où
vous garderiez une chambre pour venir, une fois ou deux chaque semaine, visiter
les vieillards et vous occuper de leurs intérêts.
Vaugirard, 1er septembre.- Je suis ici à Vaugirard aujourd'hui, pour
la retraite du mois; vous nous manquerez, mais nous vous attendons et bientôt
vous serez réuni à nous, les absences mesurées à quelques jours sont bien
supportables. La prière, d'ailleurs, peut nous rapprocher bien des fois chaque
jour; les âmes qui sont en présence de Dieu ne sont pas séparées, puisqu'elles
se rencontrent en son Cœur divin; puissions-nous nous y réunir souvent et
commencer déjà ici-bas la vie de lumière et d'amour qui sera notre partage au
Ciel.
Adieu, mon bien cher ami, à bientôt;
croyez à ma vieille et fidèle affection en N.S.
Le Prevost
Tous nos ff. vous envoient leurs bons souvenirs. Nazareth va bien, le patronage
a repris son allure ordinaire, le cercle se remonte. A Vaugirard, travaux et
mouvement partout pour les installations.
Le p. Jésuite est promis positivement par le r.p. de Ponlevoy. M. Beaussier va
mieux.
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