Mérites
des courses de quêteur. Dieu est au milieu de la petite famille.
Chaville,
15 février 1872
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
Je ne vous écris ni
souvent ni longuement, non pour épargner les missives, mais par ménagement de
votre temps, si absorbé déjà par vos courses et démarches de quêteur. Je sens
bien tout ce qu'une pareille tâche doit vous coûter, non seulement de fatigues
et de peines, mais d'ennuis aussi et surtout de froissements. Consolez-vous,
c'est l'initiation la plus intime aux humiliations de la pauvreté; on n'est pas
tout à fait le pauvre de J.C. quand on n'a été jusque là, mais quel mérite
devant lui! S'il se revêt du manteau de St Martin, bienfaiteur
généreux du pauvre, il donnera sa propre couronne à celui qui quête pour les
petits orphelins et pour les futurs ministres de son autel!
Les choses, ayant été bien assises par vous avant votre départ, se soutiennent
et marchent dans l'ordre établi; je ne crois pas qu'au retour vous trouviez
rien en souffrance, le Bon Dieu est visiblement au milieu de la petite famille,
cette assurance doit vous consoler de bien des peines; si Dieu est avec nous,
qui prévaudra contre nous?
Nous continuons à prier chaque jour pour vous, afin que vous fassiez bonne
moisson de ressources et de sujets, récoltant déjà les premiers et jetant la
semence pour une plus ample moisson.
Adieu, mon bien cher ami; comptez sur les sentiments sympathiques et dévoués de
Votre affectionné ami et Père en N.S.
Le Prevost
P. S. Je n'ai pas encore vu M. Lantiez
concernant le Bureau Central.
|