Essai
d'organisation pour dégager le frère Maignen de la direction du Cercle
Montparnasse et lui permettre d'assumer celle des Cercles
de Paris.
Chaville,
jeudi 2 mai 1872
Mon cher ami et fils en N.S.,
J'ai pu hier seulement retenir quelques moments M. Lécrivain pour m'entretenir
avec lui des Cercles. Il se refuse formellement à prendre, comme Directeur en
chef, la direction de celui de Montparnasse, alléguant: 1° l'insuffisance de temps et son état habituel de fatigue
après ses travaux du jour; 2° une
impuissance avérée, irrémédiable chez lui, pour présider aucune assemblée,
donner des avis, fût-ce à quelques jeunes gens réunis; enfin, imprimer une
impulsion quelconque à ceux qui l'entourent; sa pensée est, sur ce point,
fermement arrêtée, on ne l'en fera pas revenir.
Il consentirait, quoique à regret, à quitter Nazareth pour le Cercle, à la
condition de n'être posé qu'en second.
J'ai proposé que M. Maignen restât Directeur en titre; M. Lécrivain est
convaincu que ce moyen serait insuffisant; à son avis, le Cercle souffre déjà
de la préoccupation et des soins multipliés que prend ailleurs M. Maignen, sa
coopération au Cercle Montparnasse serait insuffisante pour soutenir la vie de
l'Œuvre.
M. Vrignault, dont j'ai parlé aussi, pourrait convenir sans doute, mais,
promît-il son aide régulier et habituel, on n'obtiendrait pas de lui qu'il prît
la charge sérieusement, qu'il renonçât à des relations multipliées qui le
retiennent tous les soirs dehors et absorbent tout le temps dont il dispose. M.
Lécrivain ne voit aucun autre parti à proposer. Il nous avertit que la vie
présente de M. Maignen n'est pas tenable, qu'il s'exténue de courses
durant le jour et passe une partie des nuits à écrire et à préparer ses travaux
du lendemain ou faire en hâte ceux qu'il a omis la veille; cette existence ne
saurait se prolonger.
Peut-être jugerez-vous à propos, mon cher ami, de vous concerter aujourd'hui ou
demain matin avec M. Maignen, afin d'être en mesure de donner une réponse à MM.
de la Commission
des Cercles455 lorsqu'ils viendront dans l'après-midi à Vaugirard. Il
se peut qu'en conversant avec M. Maignen, vous trouviez quelque combinaison qui
répondît aux exigences de la situation.
Votre tout affectionné ami et Père en
N.S. Le Prevost
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