Félicitations
pour la naissance de sa petite-fille Marie, le jour de la Nativité de la Vierge Marie.
Chaville, 11
septembre 1872
Madame la Marquise,
Depuis le commencement du mois, j'étais en attente et avec vous et avec votre
cher entourage, je comptais les jours, l'arrivée du petit ange paraissant être
un peu retardée; mais je comprends maintenant, la chère âme ne voulait
apparaître en ce monde que dans un jour heureux, et en est-il de plus beau, de
meilleur présage, de plus rempli d'espérance et de saintes allégresses que
celui de la Nativité
de Marie qui apporte le salut à l'univers entier. Comme je sens bien votre
joie, Madame, celle de votre bonne mère, de vos chers enfants et de tous les
vôtres à la ronde, dont cet événement tant souhaité remplit les vœux!
Vous avez voulu, Madame, que nos enfants orphelins et nos pauvres s'en
réjouissent aussi et vous destinez pour eux une aumône généreuse, afin qu'ils
aient quelque part à votre bonheur; cette pensée est bien digne de votre
charité et de votre foi; puisse le Seigneur, qui a mis en vous cette
inspiration, récompenser par de nouvelles grâces votre fidélité à suivre toutes
les suggestions que son Esprit vous donne.
Je n'ai pas besoin de dire avec quel empressement je vais offrir demain le St
Sacrifice en actions de grâces; et comme il ne suffit pas d'une heureuse
naissance, mais qu'il faut, pour chaque jour de la vie, de nouveaux appuis et
de nouvelles bénédictions d'en haut, j'aurai bien soin souvent, très souvent,
d'offrir la chère petite Marie au Seigneur et aussi à sa sainte patronne qui va
veiller dès ce moment sur elle; oh! la bonne gardienne! comme elle soutiendra
bien les tendres soins de la mère, les vigilances de l'heureux père, sans
compter qu'elle modérera les gâteries de la grand'mère et de l'aïeule. Avec
tant de garanties, l'avenir sourit à la chère nouvelle-née et son berceau est
plein de bonnes promesses; je demanderai fidèlement à Dieu avec vous, Madame,
qu'elles aient une pleine réalisation.
Il me semble déjà qu'elle va être l'ange béni de la famille, resserrant encore
les liens d'une douce affection entre tous les membres unis par un commun
intérêt, par un commun amour de plus. La famille est bien l'œuvre divine par
excellence! l'Eglise elle-même, et toutes ses sociétés saintes en ce monde
tirent leur mérite suprême de ce point qu'elles sont aussi des familles.
Ce m'est une douce pensée, veuillez le croire, Madame, que celle de me trouver
en ce sens avec vous et avec tous les vôtres une sorte de parenté, d'autant
plus précieuse qu'elle m'assure quelque part à vos mérites comme à vos
sympathies bienveillantes.
Daignez agréer, en retour, les sentiments de respect et de dévouement avec
lesquels je suis en N.S.
Votre humble serviteur et
ami
Le Prevost
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