Difficultés
pour choisir la communauté qui devra accueillir M. Boiry.
Chaville,
3 décembre 1872
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
Je remercie Dieu de la miséricorde qu'Il vous inspire pour M. Boiry; je ne
crains pas de vous dire ces mots contenus dans votre lettre car, ayant eu à
souffrir de son indécision, vous eussiez pu, sans dureté, vous montrer plus
rigoureux à son endroit.
Je ne suis pas bien sûr qu'il y aurait convenance et avantage à le séparer
temporairement de la
Congrégation par un séjour momentané au Cercle. Autant que je
le puis croire, on n'a connaissance, hors de Chaville, que d'une hésitation de
sa part; ici même, son maintien si prolongé parmi nous a laissé pour tous un
doute persistant sur le parti qui serait pris, tant du côté de la Congrégation que du
sien propre. Ne serait-il pas d'un effet moins fâcheux de laisser
cette impression vague dans les esprits que d'y porter le sentiment pénible
d'une sortie et, après, le demi scandale d'une rentrée? Ce point accepté, la
situation serait simple: il semblera, à Vaugirard, faire une sorte de noviciat
de 7e an ou mieux, suppléer à l'insuffisance de sa primitive
formation. Je crois qu'il acceptera toute condition, mais son âme est facile à
contrister; j'aimerais mieux qu'il entrât à Vaugirard avec espoir et confiance
qu'avec serrement de cœur.
Je vous abandonne cette vue; je me bornerai à lui dire que vous lui répondrez
jeudi. Je suis heureux de tous les bons indices que vous avez trouvés à Angers
et ailleurs; Dieu nous aide sensiblement à travers les temps mauvais, espérons
que le Ciel redeviendra serein.
Votre tout affectionné ami et Père en N.S.
Le Prevost
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