Sympathie
à l'occasion d'une épreuve de santé. MLP. projette de lui rendre visite.
Vaugirard, 8 février 1873
Madame la Marquise,
Je prends une bien vive part à la nouvelle épreuve que vous apporte votre santé
fatiguée; mais tout laisse penser, ou du moins espérer, qu'il s'agit seulement
d'une indisposition qu'un peu de repos va faire disparaître; je n'eusse pas
manqué toutefois d'aller vous offrir, dès hier, mon respect, ainsi qu'à Madame
votre mère, si je n'étais retenu ces deux jours à Vaugirard; demain, dimanche
et lundi, je suis seul à Chaville et ne pourrai m'éloigner; ce ne
sera donc que mardi que j'aurai quelques instants libres, ils seront tous pour
vous et pour Madame d'Hurbal, si vous me le permettez; j'espère que, d'ici là,
la neige qui s'amoncelle va fondre et ne me fermera pas le passage, elle ne
semble pas consistante, j'aurai ferme volonté et je vaincrai les résistances;
ce grand courage n'est-il pas héroïque contre un peu de neige qu'un souffle
fait fondre? C'est assez pourtant pour arrêter souvent les grands desseins des
hommes. Bossuet avait bien raison de dire: Dieu seul est grand, mes frères,
etc. C'est ainsi, Madame, que vous étiez pleine d'ardeur, vous alliez suivre,
en sens divers, sermons, assemblées, pieux exercices; une souffrance subite
vous arrête et vous cloue au logis! Mais, là encore, Dieu se retrouve, Il vous
tiendra lieu de tout et, s'Il parle à votre cœur et le trouve attentif, Il vous
fera tout oublier, même les ennuis et la souffrance, car Il est le consolateur
et la joie de nos âmes. Puisse-t-Il, Madame, vous en donner les témoignages!
Veuillez agréer, Madame la
Marquise, et partager avec Madame votre mère, tous mes
sentiments de respect et de dévouement en N.S.
Le Prevost
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