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Jean-Léon Le Prevost
Lettres

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  • Lettres 1701 - 1806 (1872 - 1874)
    • 1755  à Mme et Mlle Salva
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1755  à Mme et Mlle Salva

Projet de villégiature. Détails sur la vie à Chaville. Faiblesse de santé. Sur le mouvement renaissant des pèlerinages en France.

 

Chaville, 23 juin 1873

            Bien chères amies,

            J'avais pensé que mon petit voyage à Duclair pourrait s'effectuer vers le 22 de ce mois, mais divers obstacles, provenant de nos travaux ou affaires ordinaires, sont survenus qui me retiendront ici jusqu'aux premiers jours de juillet. D'une autre part, la chaleur excessive qui s'est tout à coup manifestée m'a causé quelques malaises de santé qui m'eussent rendu bien difficile la fatigue de la route; je vais et agis encore un peu, malgré ma faiblesse habituelle et mes vieilles années, mais à la condition de choisir le temps et les jours favorables. Si, pour cette raison ou pour quelque autre d'autre genre, je n'avais pas d'empêchement, je me proposerais de partir le 7 juillet (lundi) pour rester près de vous jusqu'au jeudi 17; ce serait un jour de moins que l'an dernier, mais la fête de St Vincent de Paul, qui se fait pour tout notre monde le samedi 19 et qui réunit à Chaville 300 personnes (y compris nos 200 enfants), ne me permettrait pas de différer davantage mon retour; mon absence à cette époque (jusqu'au 17) ne serait même pas sans notable inconvénient, car, pour préparer une réunion si nombreuse et qui dure tout le jour, pour mettre en bon ordre la maison et ses dépendances, il y a d'autant plus à faire que notre personnel ici est fort insuffisant. Peut-être serait-il mieux d'ajourner mon départ jusqu'à la fin de juillet, encore sa réalisation serait-elle à ce moment toute dépendante de mon état de santé, si les grandes chaleurs venaient à continuer. Soyez bien assurées, chères amies, qu'il n'y a nulle hésitation dans ma volonté de vous rendre visite, mes mouvements sont seulement gênés, comme vous le voyez, par diverses circonstances comme par l'insuffisance de mes forces. Ce dernier point sera surtout décisif et me fera choisir de préférence le moment où je serai le moins mal dispos. Si je puis vous prévenir un peu à l'avance, je le ferai certainement. Aujourd'hui, encore sous l'influence du malaise que les orages m'ont causé, je reste sans vue nette touchant la date précise de mon voyage. Vous le verrez, du reste, par ces longues explications, à la fin desquelles ni vous ni moi ne sommes, après, mieux éclairés qu'avant; espérons que quelques jours de délai nous donneront plus de lumière. Vous pourriez, de votre côté, y contribuer en me disant à quel moment mon voyage vous conviendrait le mieux, car il importe beaucoup qu'il s'arrange avec vos propres dispositions.

            Je ne vois guère de faits notables à vous communiquer, nos travaux et actes sont à peu près les mêmes; les lois de conscription deviennent menaçantes pour quelques-uns de nos jeunes gens; on vient de nous en enlever violemment un qui ne se croyait pas obligé à partir et qu'on a puni pour avoir trop différé [f. Briscul]. Le bien ne se fait pas, de nos jours, sans de grandes difficultés; mais, plus le chemin est rude, plus le repos sera doux à la fin du voyage.

            Notre Normandie, peu inflammable naturellement, entre-t-elle un peu dans l'entraînement des pèlerinages? Avez-vous, dans vos alentours, quelques personnes qui s'y soient portées? On attend de bons résultats de l'ardeur religieuse qu'ils ont réveillée; c'était la conviction de tous les chrétiens qu'on ne sortirait pas des crises douloureuses où la France s'est trouvée sans recours aux moyens de foi; espérons, puisqu'on a beaucoup et ardemment prié. Le Gouvernement actuel semble aussi plus disposé que le précédent à maintenir l'ordre et à favoriser le bien.

            Adieu, bien chères amies, croyez qu'à travers tous les changements divers une chose demeure invariable, c'est ma constante et vive affection pour vous.

            Votre tout dévoué frère et oncle

                                                                              Le Prevost

 

 




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