Remerciements
pour une généreuse offrande. Ne pas s'alarmer inutilement. Allusion aux
derniers évènements politiques.
Chaville,
6 novembre 1873
Madame la Marquise,
J'ai reçu votre lettre, bonne comme toutes celles que vous voulez bien
m'écrire, l'aumône généreuse que votre charité a destinée aux diverses œuvres
dont la Providence
nous a remis le soin; cette aumône que vous trouvez trop petite à votre gré,
même bien minime, elle est, à mon sens, excessive, eu égard surtout aux
exigences nombreuses de votre position et à l'incertitude où les événements
politiques laissent tous les esprits. Dieu bénira votre confiance et votre
charité et vous rendra en temps utile le bien que vous faites pour le
soulagement des petits et des faibles; leur nombre, vous le voyez aussi autour
de vous, est loin de diminuer en ce moment. Merci mille fois, Madame la Marquise, de votre
aimable assistance; tous ceux qui en sentent le bienfait s'en souviendront dans
leurs prières.
J'ai bien la confiance que votre prochaine lettre n'aura rien que de consolant
touchant la santé de votre cher fils; un peu de lassitude ou de langueur
momentanée n'a rien de surprenant, dans cette saison des chasses
particulièrement; à son âge, la nature a de si puissantes ressources qu'on est
bientôt refait et fortifié; il est, en général, de bonne constitution et n'a
rien de maladif, chassez donc, chère Madame, des soucis mal fondés et jouissez
en paix du contentement que toute votre famille, en ce moment réunie, doit vous
procurer; laissez votre cœur, trop souvent serré, prendre un peu de respiration
et d'épanouissement; faire autrement serait méconnaître les bienfaits de Dieu.
Ayons aussi bonne confiance pour les deux oncles; le Seigneur aura son heure,
si nous ne nous lassons pas de prier ardemment, humblement, mais aussi avec une
fervente espérance.
Priez aussi pour notre chère France, hélas! trompée présentement dans son
attente461; rien n'est perdu toutefois, si nous gardons la foi et si
nous comptons sur le secours d'en haut. Au 24 mai, on ne voyait plus de moyen
de salut, le Ciel s'est éclairci tout à coup comme miraculeusement, le secours
est venu d'en haut; attendons-le encore fidèlement, il viendra en temps
opportun.
Veuillez, Madame la Marquise,
offrir mes hommages à Madame votre mère et aussi mes souvenirs dévoués à vos
chers enfants, en agréant vous-même mes sentiments de bien cordial respect.
Votre humble serviteur en
N.S.
Le Prevost
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