Vœux
de nouvel an. Projets de voyage à Paris.
Chaville,
2 janvier 1874
Madame la Marquise,
Votre aimable bonté me prend en défaut; je ne suis pas arrivé à temps pour vous
prévenir en vous offrant, ainsi qu'à Madame votre mère, mes hommages, vœux et
respects à l'occasion du nouvel an. Mais, comme c'est bien au moins du plus
profond de mon cœur et avec un désir sincère que je souhaite à vous et à tout
ce qui vous est cher la paix tant désirée, sûrement obtenue, la santé et tous
les autres biens, les spirituels par-dessus tout! Daigne le Seigneur écouter
les humbles prières que j'offre chaque jour à cette intention. J'y intéresse
aussi ceux qui m'entourent, me défiant justement de mon insuffisance, et tous
les soirs, aux recommandations que nous sommes dans l'usage de faire, aux
derniers moments que nous passons à la chapelle, je ne manque pas, vous
désignant intérieurement à la bénédiction d'en haut, de comprendre vous et les
vôtres dans cette dernière supplication.
J'ai commencé cette lettre le 2 janvier, sans qu'il m'ait été possible de la
continuer depuis, tant il est vrai que, même un peu à distance de Paris, on
n'échappe pas absolument à son activité, que redouble le mouvement des premiers
jours de l'année. Je me console un peu, du reste, de ne m'entretenir que
brièvement avec vous, Madame, pour cette fois, puisque l'espoir
m'est donné de la faire bientôt amplement et d'une façon bien plus douce
lorsque Madame votre mère et vous nous serez rendues. Du 15 au 20 de ce mois,
je l'ai lu et relu avec une vraie joie, vous partez pour Paris; d'avance, au
nom de tous ceux qui vous sont dévoués et dont je présume aisément les
sentiments, je souhaite pour vous un heureux voyage et vous assure que, pour
chacun, votre vénérée mère et vous serez les bienvenues.
Je crois que votre pensée de descendre tout d'abord à l'hôtel est la plus sûre.
Il eût été bien difficile de trouver présentement, en votre absence, le
logement qui peut vous convenir; chacun a, sur ce point, ses vues et ses
convenances propres auxquelles les autres ne peuvent répondre qu'imparfaitement.
On m'assure qu'il y a des agendas qui indiquent les logements en location;
peut-être pourra-t-on, de ce côté, avoir quelques renseignements utiles. Paris,
en ce moment, ne doit pas être encore au complet; on se plaint généralement
qu'il est peu animé et que les affaires y sont languissantes; le mouvement
deviendra meilleur, sans doute, à mesure que la saison s'avancera.
Je persiste à espérer que l'altération de la santé de M. votre fils est plus
apparente que réelle et n'aura point de durée. Je vais le recommander vivement,
instamment aux tendres bontés du Seigneur, et demander en même temps pour vous,
Madame, et pour Madame d'Hurbal, quelques jours de bon repos qui remettent vos
forces, donnent la paix à votre âme, la consolation à vos cœurs.
Je suis, dans l'attente de votre bien prochaine arrivée, avec des sentiments
respectueux et dévoués,
Votre humble serviteur et ami en
N.S.
Le Prevost
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