Souhaits
de nouvel an. Témoignage d'affection à tous ses frères d'Angers.
14
janvier 1874
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
Voilà que nous sommes au 14 janvier, et je n'ai pas encore répondu à votre
petite lettre de St-Jean et de Jour de l'An; elle méritait plus
d'empressement, par les sentiments tout aimables qu'elle exprimait. Je n'ai pas
besoin de vous dire mes excuses, vous les voyez déjà: mes vieilles années, mes
infirmités, la torpeur que donne l'hiver; c'en est bien assez pour alanguir un
vieux serviteur de Dieu, enseveli dans les brouillards de Chaville, en
attendant qu'un pas de plus l'enveloppe mieux encore dans l'ombre et dans
l'oubli.
Tout n'est pas mort pourtant en moi: les vieilles affections se réveillent
aisément, toutes les fois surtout qu'il s'agit de mes plus chers enfants, de
ceux que j'ai vus sous mes yeux grandir en âge, en sagesse et en grâce, ceux-là
me trouveront toujours prêt à leur témoigner ma plus tendre affection; c'est de
celle-là que je vous renouvelle, cher ami, la bien vive expression, en vous
chargeant d'en distribuer quelque part à nos chers ff. d'Angers, notamment à
notre f. Vernay qui m'a écrit des premiers et auquel je ne renonce pas à faire
une réponse particulière; assurez-le, en attendant, que je prie tous les jours
pour que Dieu bénisse son ministère dans votre œuvre de N.D. des Champs.
Bon souvenir aussi au f. Bérard, et enfin au f. Faÿ [Auguste], pour lequel je
joins ici un mot relatif à quelque affaire qu'il m'avait recommandée.
Je vous embrasse tous bien cordialement en Notre Seigneur, et je le conjure de vous bénir.
Votre dévoué ami et Père
Le Prevost
P. S. Le T.r.P. Général, auquel je sers en ce moment de secrétaire, me
permet d'ajouter quelques lignes pour que je puisse moi-même souhaiter une
bonne année; vous savez assez mon amitié, mon affection, mon respect pour vous
pour comprendre avec quelle sincérité je fais des vœux tendant à ce que votre
ministère soit tout particulièrement béni de N.S., et qu'ainsi nombre d'âmes se
sauvent et se sanctifient, aidées de vos conseils. Priez un peu pour mes
études, pour ma pauvre âme; ayez un petit souvenir à l'autel pour nos chers
petits novices et je vous serai bien reconnaissant. Bonne année à tous nos
frères. Adieu, bénissez-moi et croyez-moi bien toujours en N.S.
Votre dévoué ami et
frère
Edouard [Lainé]
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