Portraits
de MM. Faÿ et Tourniquet. Saint Vincent de Paul leur modèle. Nouvelles de sa
santé.
[18 juillet 1874]
Mon bien cher ami et fils en N.S.,
Je reçois, avec un à-propos qui en accroît le mérite, votre envoi des deux
portraits [Justin] Faÿ et Jean-Marie [Tourniquet], deux vrais enfants de St-Vincent
de Paul; ils sont d'une parfaite ressemblance, le bon abbé surtout, tout
ensemble grave et doux, comme la grâce et l'effort quotidiens l'avaient fait.
Le cher Jean-Marie, un peu moins ressemblant peut-être, est néanmoins tel que
nous l'avons connu, souriant, plein de cœur et de bonhomie. Sans être
connaisseur en photographie, on reconnaît aisément que ce travail est l'œuvre
de mains habiles; mais ce qui me flatte par-dessus tout, c'est l'aimable
sentiment qui vous a inspiré de nous faire cet envoi, à la veille des fêtes de
notre Saint Patron, dont l'esprit vivait éminemment dans le cœur de ses deux
enfants. Vous ne le cédez vous-même à personne en amour pour ce vénéré Père.
J'ai la confiance que vous réaliserez les paroles de l'oraison: Eadem tibi
caritate et humilitate placeamus. Daigne le Seigneur exaucer ce vœu que je
forme pour vous, en même temps que pour notre petite famille.
Nous suivons avec un vif intérêt tout ce qui regarde votre santé, encore
souvent éprouvée, vos œuvres, votre petit palais463 et tout ce qui s'y
accomplira de saint et de bon, avec la grâce de Dieu.
J'espère avec vous que sa bonté pourra un jour vous rapprocher de nous; mais il
faudra, quant à ce qui me concerne, que cette réunion ne tarde guère, car ma
santé décline très sensiblement et ne m'annonce guère une longue durée.
Heureusement, après les courts instants des jours de la terre, viendront les
jours sans fin de l'éternité. Prions réciproquement que la divine Miséricorde
daigne nous les accorder.
Assurez tous nos ff. de Tournay de mes bons souvenirs, et croyez à ma bien vive
affection en Jésus, Marie et St Vincent.
Votre ami et Père
Le Prevost
P. S. Vos vœux pour le Petit Noviciat
ont leur réalisation; nos enfants sont seulement au nombre de 16 [latinistes:
Imhoff, J. Nansot, J. Chrétien, Degesne, Lasfargues, Rouillaud, Schuh,
Croisier, Hamel, Stumpf; français: Duron, Hirbec, Trébuchet, Gaucher, Leguay,
Ronal], Juvigny n'étant plus des nôtres et Cestari [l'Italien] ne paraissant
pas devoir persévérer.
|